Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 265]

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BULLETIN.

BULLETIN.

lingot brut et informe 8o livres ; on place 20 livres dans chacun des quatre petits fourneaux qu'on chauffe avec du charbon de

sapin. Si le lingot est bon, chaque petit fourneau donnera un peu plus de 12 livres de cuivre, en somme 50 livres. C'est la deuxième partie de l'opération. 5° Alors on prend deux de ces quatre morceaux du poids d'environ 27 livres, on les jette au feu en y mêlant 5 livres du meilleur cuivre rouge que l'on puisse trouver. On chauffe for-

tement, et, si l'opération est bonne, on obtient 9 livres de cuivre. C'est la troisième partie de l'opération. Tous ces préparatifs terminés , on prend du cuivre obtenu dans la deuxième partie de l'opération 5 livres, du cuivre obtenu dans la troisième partie de l'opération également 3 livres, du meilleur cuivre rouge que l'on puisse trouver 2 livres en somme 8 livres th , et on les jette dans le fourneau. On chauffe fortement. Quand on voit apparaître comme des fleurs blanches, on jette au milieu du cuivre qui va entrer en fusion une once D'ÉTAIN; et alors, presque instantanément, le cuivre

devient blanc, très-blanc, et si l'opération est bonne on obtient Ii livres th. Je viens de dire un mot qui a besoin d'explication. On jette, ai-je dit, au milieu du cuivre qui va entrer en fusion use once D'ÉTAIN. Mais ne me trompé-je point sur la nature du métal que j'appelle ÉTAIN? Non-seulement je n'ose pas l'assurer je crois même que ce métal n'est pas l'étain que j'ai vu en France.

Les Chinois, outre l'or, l'argent, le cuivre et le fer, comptent au nombre des métaux le plomb ; mais, selon eux, le plomb est de trois espèces : t° le plomb proprement dit qu'ils appellent si; 20 l'étain ordinaire qu'ils nomment yuén ; 5° enfin ce qu'ils appellent hien et qui est l'espèce de métal absolument requise, selon eux, pour la confection du cuivre blanc. Mais qu'est-ce que le hien? Il a sans doute un nom français que je ne connais pas ou qui ne me revient pas. Il n'y a point de mine de ce kien (lisez kiénne) ; ce métal est mêlé à l'argent et surnage quand l'argent est en fusion dans le fourneau ; il a la couleur et presque la pesanteur du plomb; mais il est beaucoup moins susceptible d'être fondu. Du reste, comme je suis persuadé que le premier ouvrier européen connaît ce métal je ne me suis point mis l'esprit à l'alambic pour trouver son nom ; je me contente d'en déposer un petit morceau dans la boîte jointe à cette lettre; il occupe la case n° t... Tous les"

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ouvriers conviennent que le hien est nécessaire pour obtenir le cuivre blanc. Autre point sur lequel l'avis des ouvriers est unanime : c'est que pour recevoir le cuivre en fusion, il faut faire une espèce de chaudron en terre; le fond du chaudron doit être plat, et la terre doit nécessairement venir de Lù-leij-Tchan. J'ai été surpris moi-même de l'opiniâtreté avec laquelle les ouvriers insistent sur ce point. Quoi que je puisse penser par devers moi, j'ai cru plus prudent d'envoyer un peu de cette terre qu'un de mes hommes est allé prendre lui-même à Iii-k-Tchdn; elle occupe dans la boîte la case n° 2. Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit des trois espèces de charbon requises pour l'opération dont on obtient le cuivre blanc. Je n'ai entendu aucun ouvrier élever le moindre doute sur la nécessité du charbon de sapin ; tous, au contraire, assurent que sans ce charbon on n'obtiendra jamais de cuivre blanc. rideant europcei doctores! Les ouvriers du Lau-hau-Tchang avaient dit à mon lettré que pour bien réussir dans la troisième partie de l'opération telle que je la décris dans cette lettre, il fallait absolument avoir du cuivre rouge venu de Litu-Tchdng de la mine si célèbre de Kin-ytan. Ceci me parut surprenant. Pour obtenir de nouveaux renseignements, j'envoyai un matin inviter à dîner un ancien ouvrier que l'on disait très-versé dans ces matières. Mon commissionnaire revint moins de deux heures après en me disant que les mineurs de Lau-kôu-Tchcïng étaient à ma poursuite, dans ce sens qu'ils voulaient à toute force nie ramener chez eux pour me décider à exploiter leur cuivre. Ce ne fut que dans la nuit qu'on put arriver jusqu'à l'ouvrier que j'avais envoyé chercher le matin. Jel'interrogeai moi-même sur l'opération telle que je l'ai décrite et qu'il confirma par son témoignage. Mais lui ayant demandé si le cuivre rouge de Kin-

yuin était nécessaire pour obtenir du cuivre blanc, il fut moins affirmatif que les ouvriers de Lôu-Item-Tchdng, et dit Non, le cuivre de la mine Kin-yitin n'est pas absolument né-

cessaire; mais il faut avouer qu'il est infiniment supérieur à tous les autres cuivres rouges de ces pays-ci ; je vous conseille de vous en servir Sur ce, j'ai envoyé à la mine même de Kin-yuin acheter quelques onces chinoises de ce cuivre rouge

et je les dépose dans la boîte à la case n° Les mines de cuivre blanc sont de deux espèces : il en est où