Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 209]

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SUR LE BASSIN DE L'ADOUR.

ÉTUDE GÉOLOGIQUE

jugués avec le gypse, soit dans les carrières mêmes, soit à quelques pas de là. Mais c'est surtout dans les plâtrières de Montpeyrous , de Lagrange, que la forma-

tion gypseuse acquiert une importance remarquable. Plusieurs exploitations y sont ménagées et fournissent le plâtre de Pouillon , bien connu dans l'industrie du département. Nous devons donner quelques détails sur ces gîtes, parce qu'ils offrent de très-bons types de ce que nous trouverons dans plusieurs autres localités. Le gypse est généralement blanc, et quelquefois gris, rose, jaune. Il est en masse très-compacte, d'une stratification peu observable ; mais les ouvriers reconnaissent parfaitement une certaine direction de lits suivant lesquels la pierre offre moins de résistance à l'avancement des travaux. On extrait à ciel ouvert, dans des excavations qui atteignent jusqu'à 2 o mètres de profondeur, et qui le plus souvent obliquent dans le sens des lits. Le gypse contient des cristaux cubiques de pyrites, et des fragments de calcaire semblables à ceux qu'on trouve dans le banc de sel de Villefranque. La présence de ces fragments est assez difficile à expliquer, et on a même voulu en tirer un argument pour

contester l'origine sédimentaire de la masse. Mais comme ce fait se présente, disons-nous, d'une manière identique dans le sel, pour lequel la question ne saurait être douteuse, il ne prouve absolument rien pour le gypse. Il est probable que ces blocs étrangers ont été poussés par l'ophite , dans des circonstances que nous ne pouvons apprécier suffisamment. On conçoit d'ailleurs qu'ils aient pu pénétrer la masse gypseuse, beaucoup plus tendre que le calcaire lui-même. La température de ces blocs était sans doute, à ce moment, fort élevée : et ce qui tend à le confirmer, c'est que ces morceaux sont enveloppés d'un vernis blanc, indice de fu-

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sion, et portent fréquemment implantés sur leur surface,

et étroitement entremêlés, des cristaux rhomboédriques de chaux carbonatée et des cristaux hyalins de chaux sulfatée. Il semble que tout autour de chaque fragment, il se soit produit des phénomènes particuliers de cristallisation dus à la chaleur qui a régné tout à coup dans la sphère environnante. Toute la région, de Campas à Montpeyrous , porte de grandes traces de l'action ophitique. Outre les épanchements de la matière ignée visibles, soit au coteau de Campas, soit à la marnière 11.e Serres, soit dans la carrière de Montpeyrous , ouverte dans l'ophite pur, on trouve plusieurs autres faits en harmonie avec les précédents. Ainsi, à 3 ou 400 mètres de la fontaine de Bidas , la carrière de M. Gettin exploite le calcaire des

faluns bleus, qui en certains points revêt un aspect identique à celui du Pouy- d'Arzet. A quelques pas de

cette carrière, le sol est jonché de pierres poreuses semblables aux pierres ponces des volcans actuels, et mélangées à des débris de calcaire calciné. L'ensemble de ces faits, sur lesquels nous avons cru devoir donner quelques détails, à cause de leur importance pour la géognosie de la contrée, nous démontre donc :

i° Que le gypse et la source salée se rattachent à la formation gypso-salifère de la craie ; 2° Que cette formation, mise au jour par l'ophite , a subi des phénomènes analogues à ceux qu'on observe dans le banc de sel de Villefranque , et qu'elle se montre en contact avec l'étage des fahluns bleus, comme nous l'avons déjà constaté au Pouy-d'Arzet.

Les sources salées de Gaujacq offrent un nouvel exemple bien caractérisé de la formation gypso-salifère.

Ces sources se trouvent au pied du coteau de Gau-t