Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 190]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

366

ÉTUDE GÉOLOGIQUE

coup plus considérables que celles qui apparaissent dans la roche la plus résistante. En sorte que le phénomène de la décomposition des ()pintes serait un phénomène complexe, résultant à la fois de celui qui en-

gendre le kaolin dans les granites, et de celui qui désagrège les schistes pyriteux. L'altération de l'ophite est quelquefois tellement profonde, que l'aspect primitif de la roche est tout à fait changé. On dirait une couche terreuse plus ou moins imprégnée d'ocre jaune ou brunâtre, dans laquelle, au premier abord, on serait peu tenté de reconnaître une ancienne pierre dure et volcanique. Mais un examen

plus atteniif ne tarde pas 'à montrer la première manière d'être de la substance : car ami milieu de la masse

terreuse on retrouve quelques fragments sur le point de se désagréger, mais conservant encore la physionomie de la roche elle-même. Toutes les fois donc que l'observateur se trouve en présence de ces dépôts en apparence diluviens, il ne doit pas se hâter de les assimiler à d'autres formations voisines, souvent assez analogues d'aspect. On courrait ainsi le risque çle méconnaître la présence d' un agent éruptif, là où sans doute

il a dû exercer une notable influence sur le relief du terrain. C'est pour avoir négligé cette observaton attentive que plusieurs géologues ont souvent ignoré le rôle de l'ophite dans certains accidents géologiques, et que, par suite, les faits n"ont pu trouver leur explication naturelle. Aussi avons-nous cru devoir insister sur ces particularités, parce que ce n'est qu'en étudiant à fond les manifestations de l'ophite , qu'on peut se faire une idée exacte de la géologie de cette contrée. Plus tard nous reviendrons sur cette question, que nous nous occuperons de déterminer l'époque de l'apparition des ophites.

SUR LE BASSIN DE L'ADOUR.

367

Si maintenant nous portons nos regards sur l'ensemble des terrains sédimentaires, la formation la plus ancienne du bassin nous paraît être la formation crétacée. Les limites du pays que nous nous proposons d'étudier s'arrêtant à la chaîne proprement dite des Pyrénées, nous n'avons pas à nous occuper des terrains plus anciens qui forment les flancs de ces montagnes.' Ainsi nous laissons de côté les schistes et le calcaire de transition, le grès rouge et le grès bigarré, le lias et le calcaire jurassique, dont les couches ne se manifestent que dans la chaîne pyrénéenne elle-même.

Plusieurs géologues ont pensé que quelques lambeaux de la formation du trias apparaissaient dans la partie nord-ouest du département des Basses-Pyrénées, de Bayonne à Cambo , à Briscous , à Oraas , à Bidache, à Mauléon , etc., et même dans le département des Landes, en Chalosse, à Bastennes , à Pouillon , à Montsouer, etc. lis ont cru voir dans certaines argiles schisteuses et bariolées, ou même dans certains calcaires fortement feuilletés, les traces incontestables des marnes irisées du trias. A mesure que nous parcourrons ces diverses localités, nous déduirons les motifs qui nous ont décidés à rejeter complètement cet aperçu, et à nous conformer en cela à l'opinion de MM. Dufrénoy et Élie

de Beaumont, qui dans leur carte géologique de la France n'hésitent pas à placer ces couches dans des terrains beaucoup plus modernes. Malgré l'autorité de ces deux savants, quelques géologues continuent encore à assimiler ces schistes aux marnes irisées, en admettant la suppression de toute la formation jurassique, tandis que dans les Hautes-Pyrénées, l'Ariége , etc., et sur le versant espagnol ces prétendues marnes se montrent nettement superposées au calcaire du Jura, appuyé luimême sur les terrains plus anciens.