Annales des Mines (1853, série 5, volume 4) [Image 188]

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ÉTUDE GÉOLOGIQUE

SUR LE BASSIN DE L'ADOUR.

La pensée de ce travail avait d'abord été plus restreinte : il avait été entrepris au point de vue des phénomènes offerts -par les mines de bitume de Bastennes et de Gaujacq. Mais bientôt nous avons reconnu que ces faits spéciaux se rattachaient à tout un ordre d'événements géologiques, dont le bassin de l'Adour avait été le théâtre; nous avons donc été amenés à étudier la géologie générale de la contrée. Dans cette étude, se présenteront comme conséquences particulières les bitumes précités, les sources salées de la Chalosse et les bancs de sel des Pyrénées, la pierre à plâtre, les mines

nommée tantôt mélaphyre, tantôt porphyre dioritique , tantôt trapp secondaire, tantôt granstein et définitivement appelée ophite, depuis les travaux de Palassou et de Charpentier dans les Pyrénées. En. assignant à l'ophite ce rôle exclusif dans les bouleversements du pays, nous ne prétendons pas dire que

de fer oligiste ou hydroxydé de la Chalosse et des Landes , les chaux et ciments hydrauliques, les grès à paver, etc.

Ce serait une mauvaise marche, dans cette étude, que de séparer les faits sédimentaires des faits éruptifs.

Ils sont tellement dépendants les uns des autres, ou plutôt les premiers ont été tellement influencés par les seconds, dans le pays qui nous occupe, que les envi-

sager à part serait agir précisément à l'inverse de la nature qui constamment les y a associés et comme enchevêtrés. Nous les présenterons donc de front, à me-

sure que l'inspection du terrain nous révélera leur intervention simultanée. Par là, nous comprendrons mieux les modifications diverses qui ont résulté de leur action réciproque.

Toutefois, il nous paraît utile, au préalable, de décrire minéralogiquement , d'une manière sommaire,

les roches ignées du bassin que nous étudions, nous réservant d'en indiquer les gisements lorsque l'étude de la succession géologique nous amènera dans les diverses localités. Le principal agent, on peut même dire le seul agent éruptif du bassin de l'Adour, est la roche ophitique ,

d'autres actions éruptives n'y aient aussi fait sentir leurs effets. Il est certain , au contraire , que plusieurs grands soulèvements de montagnes, notamment ceux de la chaîne des Pyrénées et de la chaîne des Alpes, ont profondément modifié la configuration du sol. Nous aurons maintes fois occasion de signaler dans la région de l'Adour le contre-coup de ces grandes révolutions géologiques. Mais nulle part leur action n'a été directe et immédiate : nulle part la matière ignée n'a surgi à la surface : nulle part enfin on n'observe de ces phénomènes locaux qui indiquent l'influence voisine de la roche éruptive. L'ophite , au contraire, a constamment tourmenté le terrain de la façon la plus variée et la plus' manifeste. On le voit au jour dans une foule de localités , et, outre qu'il forme fréquemment une portion

notable des éminences du pays, il a engendré les faits si intéressants des bitumes, des sources minérales et thermales, etc. C'est à son action enfin que doivent être attribués les "'Ombreux changements apportés dans l'allure des couches sédimentaires, et qui font de ce bassin une des régions les plus difficiles à étudier, les effets ophitiques se discernant souvent assez mal des effets généraux de soulèvement. L'ophite est une roche essentiellement composée de feldspath et d' amphib ole. Sa couleur est d'un vert foncé, sa cassure est esquilleuse , compacte et quelquefois un

peu grenue. Sa densité est souvent assez grande pour