Annales des Mines (1853, série 5, volume 3) [Image 416]

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818 même origine, contenant l'or,

BULLETIN.

BULLETIN.

la dégradation des affleurements des roches ces alluvions offrent, dans la distribution de

leurs parties constituantes, les mêmes irrégularités que les lits de galets dont nous avons parlé plus haut. Recouverts ordinairement de couches d'alluvions, variant jusqu'à une épaisseur de plusieurs pieds, les sables aurifères sont faciles à atteindre, ainsi qu'à exploiter : ils ne demandent que des bras. Cette facilité d'exploitation, la distribution irrégulière de l'or dans les alluvions, donnent toujours lieu, à l'origine des travaux, à des fouilles multipliées. Le sable aurifère est facile à travailler, il ne demande que le lavage, en sorte que le métal est pour ainsi dire visible, pal-

pable. L'avidité, la crainte de laisser échapper un endroit peut-être plus riche en métal, fait qu'on se borne à un lavage bien imparfait et prompt, ne laissant sur les appareils que des grains assez gros; l'eau emporte le reste. Or, la découverte d'une contrée aurifère doit nécessairement avoir pour conséquence une accumulation de population ouvrière et une extraction considérable de ce métal. Les places riches une fois fouillées, on attaque celles qui le sont moins, et alors les bénéfices n'ont plus ces apparences (1) gigantesques ; le lavage demande plus de soins, des appareils plus complets; bref, une certaine régularité de travail et une avance de capitaux, et bientôt les craintes de dépréciation disparaissent avec les chiffres fabuleux de production. La Sibérie vient à l'appui de cette assertion, quoique d'une manière plus faible, grâce aux mesures d'ordre qu'avait prises le gouvernement. Ainsi, la production de l'or sur des proportions si considérables ne peut être considérée que comme temporaire, peut-être même ne survivra-t-elle pas à l'époque mar-

quée par les économistes pour la dépréciation de l'or. La production de ce métal rentrera alors dans des limites plus constantes, et sera bien plus faible qu'elle ne l'est de notre temps, à moins que de nouvelles découvertes tout aussi considérables ne viennent troubler la valeur des métaux précieux

en déversant une grande quantité sur les marchés européens.

Il y a vingt-deux ans, les sables aurifères étaient inconnus (t) Je dis : apparences, parce qu'on ne prend jamais en considération les prix exorbitants des objets de première nécessité.

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en Sibérie ; on ne les exploite que depuis 1814 dans les monts Ourals ; la quantité d'or obtenue de 181h à 1829, s'est élevée de 65 à 4.720 kilogrammes. En 1829, les recherches commencèrent dans la Sibérie occidentale , sur les versants occidentaux de la chaîne de l'Alatau.

Le succès obtenu par les chercheurs d'or les poussa, en 1838, sur les pentes orientales de cette même chaîne de montagnes, et même au delà du fleuve Yénisséy, jusque dans les monts Sayanes. Ce n'est que depuis i Mo que la Russie asiatique prit une place importante parmi les pays producteurs de l'or. La production annuelle de ce métal, depuis 1830jusqu'en 1839, a été comprise entre 5.780 et 8.072 kilogrammes. Depuis la découverte des mines d'or de la Sibérie orientale, la

production de ce métal a augmenté en Russie d'une manière gigantesque. Malgré la richesse prodigieuse de ces mines, le gouvernement les abandonna toutes aux particuliers, et ne s'en mêla que pour maintenir l'ordre, arrêter les dissensions et les querelles qui pouvaient surgir entre les chercheurs, et prélever l'impôt, qui était bien modique, afin de favoriser, moyennant le

prélèvement d'une faible redevance, la recherche des alluvions.

La loi de 1838 accordait à tout particulier la liberté de faire des recherches des alluvions aurifères dans la Sibérie orientale. Tout individu qui trouvait de l'or faisait à l'instant sa déclaration à l'autorité, qui concédait, Ô. partir du point désigné, une surface d'un kilomètre quarré , soit 200 mètres de largeur sur 5 kilomètres de longueur (100 sag. de largeur sur 5 verstes de

longueur). Le même propriétaire ne pouvait pas demander deux concessions contiguës; elles devaient être séparées par un espace de 5 kilomètres. Tout ce qui restait entre les concessions et ne dépassait pas la longueur mentionnée, entrait dans les portions que le gouvernement se réservait la faculté de concéder, mais en prélevant sur le produit de ces alluvions une taxe supplémentaire. La redevance que percevait le gouvernement sur l'or obtenu était de 20 à 24 pour cent. Outre cela, il y avait encore l'impôt dit minier, prélevé sur chaque livre d'or, en retour de l'assis-

tance offerte par le gouvernement pour la conservation de l'ordre dans le pays des exploitations. Cet impôt était progressif : il variait de h roubl. 12 cop. arg. à 8 roubl. 25 cop. par livre, selon la pureté du métal (Loi du Io décembre Mo). Un