Annales des Mines (1851, série 4, volume 20) [Image 257]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

DESCRIPTION GÉOLOGIQUE 514 une tendance de la roche à passer à une sorte de poudingue argileux ( n" 61 et suivants).

Au-dessous de Saint-Aubin, vers la grève, le schiste est plus dur. Sa stratification est moins distincte ; sa cassure est conchoïde avec des teintes de bronze irisé ( n" 58 , 59). Tels sont d'ailleurs ses caractères prédominants lorsqu'il se rapproche comme ici des roches cristallines.

J'ai été frappé de la grande ressemblance de ce schiste de Saint-Aubin avec celui que je venais

de voir au promontoire de Granville. Mêmes teintes bronzées , mêmes alternances avec une sorte de grauwaeke , même tendance à devenir un poudingue ou conglomérat ( voir quelques échantillons de comparaison ,_cx , (3, 7...). C'est assez dire que le schiste de Jersey diffère essentiel-

lement du schiste satiné de Saint-Lô. La structure schisteuse demeure manifeste dans

toute la baie de Saint-Aubin et dans les vallées aboutissantes jusqu'à la .seconde colline à partir de Saint-Hélier. Là- elle est encore évidente; mais

les feuillets sont fortement soudés entre eux, et il en résulte une roche qu'on distingue de loin par son aspect rubanné. Elle 'est beaucoup plus dure que dans les parties plus occidentales de la baie, à ce point qu'on l'exploite ici pour l'empierrement. A la première colline après Saint-Hélier, c'est-à-dire au mont Patibulaire, sur le versant à l'Ouest, la stratification est devenue indistincte; et de l'autre côté vers la ville, dans de grandes carrières exploitées pour pierres de construction,

la roche passe progressivement à un porphyre argileux, à pâte compacte, pénétrée de cristaux de feldspath blanchâtre qui ont environ un centimètre de long sur un demi-millimètre d'épais-

DE L'ÎLE DE JERSEY.

515

seur (te' 72, etc.). Ces cristaux sont d'autant plus abondants qu'on s'avance vers la ville, ou qu'on remonte dans la vallée de Saint-Sauveur. Plusieurs

rochers qui bordent la route, à la sortie de la ville , avant d'arriver au bord de la mer, en sont criblés. Ici outre les cristaux longs; on voit souvent de petites cavités tantôt remplies d'une substance blanche et lamelleuse (spath calcaire), ou plus rarement d'une substance grenue (calcaire compacte) , ou même d'une argile ferrugineuse, tantôt enfin entièrement vides. C'est la roche amygdaloïde de M. Knig.

Ces roches porphyriques et amygdaloïdes sont fort employés à Saint-Hélier dans la construction des murs de clôture. On les retrouve dans toute la vallée de Saint-Sauveur, nota.mment dans une carrière à la sortie de Saint-Hélier, à la droite de

la route qui passe devant la résidence du gou-

verneur de l'île. En cet endroit j'ai trouvé la

roche pénétrée de petits cristaux de pyrite (n" 77 et 78). De plus, j'ai également vu le même por-

phyre argileux à une assez grande distance de cette première localité, auprès de l'Église de Gorey, dans le chemin qui descend de la paroisse Saint-Martin à Montorgueil. Seulement, il est ici

beaucoup moins dur et passe à l'état terreux (n" 86, 87, 88, 89). Le schiste proprement dit n'est pas limité à la baie de Saint -Aubin. Il remonte fort avant dans toutes les vallées qui «aboutissent à cette baie.

Ainsi il est à la base de l'église de Saint-Sauveur. Il affleure sur le chemin de Saint-Laurent, un peu en deçà, de la borne du troisième mille , à partir de Saint-Hélier, ce qui est aussi en deçà de l'église. Enfin lorsqu'on suit la vallée de Saint-Pierre pour