Annales des Mines (1849, série 4, volume 16) [Image 253]

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DU PLATINE DANS LES ALPES.

SUR LA DÉCOUVERTE

Pendant que je travaillais surie gîte du Chapeau en compagnie avec M. Vica t dans le laboratoire de la faculté des sciences de Grenoble, après avoir découvert le platine; j'engageai M. Vicat , ancien élève de l'école polytechnique, fils du célèbre ingénieur en chef directeur des ponts et chaussées, à

faire des recherches sur les métaux qui accompagnentle platine. Après deux mois d'expériences laborieuses, il trouva des indices bien caractéristiques de rhodium. Il rédigea une note que j'adressai à M. Berthier. Dans sa lettre du 2 février 1848, M. Berthier me faisait connaître que les minerais du Chapeau présentaient, dans les boutons de retour, des indices d'un métal analogue à ceux qui accompagnent le platine, mais en Gi petite quantité que sa nature était difficile à déterminer. Dans son rapport du 8 novembre 1849, M. Ebel-

men a trouvé aussi des indices bien faibles de rhodium ou d'iridium. Longtemps après les expériences de M. Vicat fils, je trouvais que les paillettes et flocons noirs, du bouton de retour traités par l'acide nitrique,' ne se dissolvaient pas en totalité darisf eau régale Ils contenaient donc des indices de rhodium. Le rapport de M. Ébelmen constate la présence du platine dans trois gîtes différents. Le premier

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que le platine existe en l'état sur quatre points des Alpes, très-éloignés les uns des autres. Le platine, il faut l'avouer, n'est pas exploitable, il n'est encore qu'à l'état scientifique ; mais il faut bien remarquer que j'étais sur un terrain vierge; que personne avant moi n'avait eu la pensée de chercher ce précieux métal dans les Alpes ; que

les échantillons soumis par M. Ébelmen et par moi aux analyses, n'ont été pris que sur des affleurements; que mes travaux, loin d'exclure la pensée

d'exploiter du platine dans ces contrées, peuvent au contraire laisser quelques espérances. Je n'ai plus

été en position, depuis le 22 mars i848,époque de ma retraite, de faire beaucoup de courses pour

planter de nouveaux jalons. Enfin, ce n'est pas dans les affleurements des polysulfures toujours altérés ou décomposés qu'un métal est exploitable.

Les résultats obtenus par M. Ébelmen et par moi sont très-rapprochés au fond. Depuis mes envois de minerais au ministère des travaux publics, j'avais revu quelques localités et j'avais apporté un plus grand nombre d'échantillons choisis avec plus de soins. J'ai dû faire mille fois plus d'essais que M. Ebelmen , et j'ai eu plus

de chances pour obtenir le platine dosable. En effet, tous deux nous avons reconnu que ce métal était répandu d'une manière bien irrégulière dans les gîtes.

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groupe est le Chapeau (Hautes-Alpes); le deuxième

Pour le gîte du plan des Cavalles je n'avais pas

appartient aux montagnes de Saint-Arcy (Isère).

un quart de kilogramme de minerai à ma disposition. J'en ai envoyé une petite quantité à

Le minerai envoyé en mai provient de la rive droite du Rens, en Savoie. Le groupe n° 6, plan des Cavalles , montagne des Rousses, en Oisans, n'a pas donné de platine à cet habile chimiste. résulte de l'ensemble de cet exposé historique

M. Ebelmen, et j'ai conservé le reste qui m'a donné deux fois du platine dosable. Je n'ai pu me rendre sur le gîte qui est peu au-dessous des neiges perpétuelles.