Annales des Mines (1848, série 4, volume 13) [Image 122]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

242

SUR LES VARIATIONS, EN PROFONDEUR,

pas plus logique d'admettre que les phosphates ont été formés en même temps et par les mêmes voies que la galène, et qu'ils se sont principalement condensés près du jour, peut-être parce qu'ils

étaient plus volatils 'que la galène qui occupa la profondeur. Parmi les filons cuprifères, celui de Rheinbreitenbach, que nous avons précédemment dé= crit dans les Études sur les mines , nous servira d'exemple pour les variations de composition en profondeur. Ce beau filon, composé de quartz compacte, présente au niveau de i 20 mètres, pour

minerai normal, un mélange intime de cuivre sulfuré, panaché et cl'e"cuivre pyriteux, tandis que dans toute la partie supérieure c'était le cuivre phosphaté qui dominait. Ces phosphates des régions supérieures étaient mélangés de quelques combinaisons accidentelles, telles que des arséniates, de la malachite , du cuivre natif et du cuivre oxydnlé: En s'approfondissant les minerais sulfurés se mélangèrent aux

minerais phosphatés et finirent par les exclure. On a pu faire intervenir l'hypothèse d'une décomposition spontanée des sulfures de la région supérieure, dans les gîtes cuprifères de la Sibérie où la malachite leur est substituée, dans les gîtes de Santiago de Cuba où c'est le cuivre natif et oxydulé; mais ici comment expliquer l'intrusion d'une immense quantité d'acide phosphorique dans un filon d'une composition si simple. Le quartz qui sert de gangue aux minerais phos-

phatés aussi bien qu'aux minerais sulfurés présente lui-même quelques variations qui peuvent éclaircir ces questions théoriques.' Dans toute la région des phosphates et des oxydes, ce quartz

DE CERTAINS GITES MÉTALLIFÈRES.

24.3

présente des druses et des géodes calcédonieuses, et c'est dans ces géodes que se trouvent des cristaux ramuleux de cuivre natif, et ces beaux oxydes rouges, capillaires, si recherchés des minéralogistes.

En profondeur, dès que les minéraux sulfurés ont exclu les phosphates, le caractère calcéçlonieux

est éliminé, il n'y a plus de druses ni géodes, et le remplissage est uniquement composé de quartz compacte fendillé. Ainsi donc à la difficulté d'expliquer la nature des transformations du minerai par des altérations spontanées, se joint l'impossibilité d'attribuer à cette même origine l'état en partie calcédonieux du quartz et la création de druses et géodes dans une matière absolument

compacte.

L'intervention de l'eau, dans les phénomènes du remplissage de la:partie supérieure du filon, est indiquée à la fois par la nature calcédonieuse et stalactiforme de la gangue, et par la composition hydratée des phosphates. Que l'on suppose donc cette intervention favorisée par le voisinage de la surface, supprimée au contraire en pro-

fondeur par l'effet de la température et de la pression, et l'on aura fait un grand pas vers une théorie probable. Les filons ont été en effet assimilés à des solfatares métallifères par lesquels l'intérieur du globe était mis en communication avec la surface, et dès lors on peut concevoir comment l'intervention de l'eau et de quelques autres principes a pu modifier les émanations souterraines qui déterminaient le remplissage. Après avoir étudié ces modifications des filons

plombifères et cuprifères, nous hésiterions encore à généraliser nos conclusions, si les gîtes calaminaires de la Belgique et de la Prusse Rhénane ne