Annales des Mines (1846, série 4, volume 9) [Image 121]

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248 période des

HISTOIRE DES ACIÉRIES

La quatrième période de l'histoire de nos acié-

,"elée,e,sionde: 'é-ries, commence avec la restauration : elle offre un 1814-1sei.

Essor des aciéries.

contraste remarquable avec les trois périodes précédentes. Dès l'année 1817 , des ateliers de cémentation, fondés essentiellement sur l'emploi des fers indigènes et particulièrement de ceux des Pyrénées, commencèrent à se développer et n'ont cessé jusqu'à ce jour de croître régulièrement. Dès l'année 1831 , la France produisait 24.022 q. m. d'a-

ciers cémentés bruts; en 1843, ce produit a été porté à 58.12 L q. m. L'établissement régulier, et le progrès continu des aciéries de cémentation sont

donc des faits parfaitement avérés; mais on en conclurait à tort que notre sol offre à l'industrie des aciers, des ressources qui étaient ignorées aux périodes précédentes. Sur le fait essentiel, la qua-

lité des fers à acier, les conditions techniques sont exactement les mêmes que celles qui existaient précédemment. La différence des résultats ne doit point être attribuée à une propriété qui se serait manifestée récemment dans les fers du royaume; elle est uniquement due à deux circonstances essentiellement indépendantes des ressources minérales du pays : quelques détails suffiront pour mettre cette vérité dans tout son jour. Modification

fondamentale propre à cette période.

Sous l'ancienne monarchie , sous la république et sous l'empire , le gouvernement s'est toujours préoccupé, en ce qui le concernait, de procurer à bas prix à l'agriculture et à l'industrie, les fers et les aciers bruts ainsi que les outils fabriqués avec ces métaux. Les droits de douane , toujours très-modérés, se sont. souvent réduits à une sorte de droit

de balance. Ce système d'administration était

poussé à ce point que, pendant le siècle dernier, lesdroitsimp(Wés à l'exportation des fers bruts pro

249 ordinairement plus éleduits en France , ont été vés que ceux qui grevaient l'importation des fers DE CÉMENTATION.

étrangers (1).

Comme je l'ai déjà remarqué , si Réaumur, en 1722, n'eut pas égaré l'industrie nationale, celle-ci , pourvue des fers de Suède, se fût développée dans la même voie que l'Angleterre; elle

l'eût fait vraisemblablement avec succès, puisque, pendant toute la durée du xvite siècle, l'Angleterre crut devoir frapper de droits assez élevés portation des fers étrangers. Par ce seul motif les aciéries françaises, en portant aux marchés neutres les aciers fabriqués avec les fers suédois, y eussent trouvé sur les usines anglaises un avantage qui, dans les conditions actuelles, est au contraire acquis à ces dernières. Les anciens gouvernements n'ont jamais méconnu néanmoins, les avantages que pouvait assurer au territoire l'industrie

des fers et des aciers, et, en ce qui concerne les aciéries par exemple, l'histoire dont j'ai reproduit un très-court résumé témoigne assez de leur constante sollicitude : celle-ci se manifestait ordinairement par des encouragements accordés directement aux usines naissantes, et non par l'élévation artificielle du prix de vente sur le marché inté-

rieur. Les frais qu'entraînait ce système de protection étaient généralement prélevés d'une manière directe sur le trésor public, et non indirectement sur les contribuables consommateurs du produit. Influence des La restauration a cru devoir adopter le sysdes ttanunriastidoen.la resterne inverse, et en ce qui concerne l'acier ,

droits de douane fort élevés furent imposés à l'en-

(1) De 1701 à 1718, par exemple, le droit d'exportation était de 20 liv. tourn. par millier pesant , tandis que le droit d'importation n'était que de 5 liv.