Annales des Mines (1845, série 4, volume 8) [Image 285]

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RAPPORT SUR LES MESURES DE SURETÉ 568 d'atteler à la fois sur un convoi de voyageurs deux ou un plus grand nombre de locomotives. La commission a été à peu près unanime pour

reconnaître que l'attelage multiple était toujours un inconvénient et pouvait devenir quelquefois un danger. Il est impossible, en effet, que, dans toutes les circonstances de la marche, les mécaniciens des diverses machines s'entendent toujours

parfaitement l'un avec l'autre ; et de plus, si, par une circonstance fortuite, la machine qui est en tête vient à éprouver une avarie, alors les autres machines continuant de la pousser, il est probable qu'elle déraillera, surtout si la vitesse est considérable. Quelques personnes, il est vrai, pensent, que l'emploi de deux machines, loin d'être un danger, peut quelquefois être un avantage, en servant, au moyen du renversement de la vapeur, d'un frein très-énergique; niais la commission n'a pas partagé cette opinion. Il lui a paru que le renverse-

ment brusque de la vapeur était lui-même un inconvénient, et qu'il ne fallait y recourir que

dans des cas extrêmes ettonjours fort rares. La commission , toutefois, a dû reconnaître que, dans quelques circonstances exceptionnelles, par exemple dans le cas d'une affluence extraor-

dinaire et imprévne de voyageurs, il peut être nécessaire de recourir à remploi de deux ou d'un plus grand nombre de machines ; mais alors elle pense qu'il convient de l'entourer d'un surcroît de précautions, en ayant égard aux pentes et aux courbes du chemin de fer, a la niasse des convois et à la vitesse dont ils doivent être animés, cette vitesse elle-même devant toujours être ralentie autant que possible.

APPLICABLES AUX CHEMINS DE FER.

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La commission pense donc, Monsieur le Ministre, que l'attelage simultané de deux ou d'un plus grand nombre de locomotives ne doit être qu'une exception ; mais enfin cette exception se réalisera surtout sur les chemins de fer des environs de Paris , où, à certains jours et à certaines heures, il se présente à la fois dans les gares un concours immense de voyageurs. Dans ce cas, comment devront être attelées les machines accouplées? Si l'une est à six roues, la-

quelle devra être placée en tête du convoi ? Si elles sont toutes deux à quatre ou à six roues, sera-ce la plus pesante ou la plus légère qu'il conviendra d'atteler la première ? Pour répondre à cette question, la commission doit rappeler que, clans son opinion, le principal danger de l'accouplement des machines consiste en ce que celle qui est placée en avant peut, dans certaines circonstances, être poussée par celle qui

la suit : dans ce cas, la machine qui est poussée est exposée à dérailler, et de là résultent ou peu-. vent résulter de très-graves accidents. Cela posé, puisque , ainsi que l'a reconnu le commission, les machines à six roues offrent plus de chances de stabilité que les machines à quatres roues, et que par là même, elles sont moins sujettes à dérailler, l'on doit en conclure qu'en général, lorsque deux machines

,

l'une à six roues, l'autre à quatre

roues , doivent être attelées ensemble, il conviendra de placer en tête celle qui est à six roues.

Par un motif analogue, lorsqu'il s'agira d'accoupler ensemble deux machines du même sys-

tème, comme la plus pesante est évidemment celle qui est la plus stable, il faudra la placer la première.