Annales des Mines (1845, série 4, volume 7) [Image 201]

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NOTICE SUR LES FERS

de locomotives qui se brisent. La fracture de ces pièces, originairement d'un fer nerveux, a toujours présenté les apparences d'un fer aigre et cassant, ayant une cristallisation rhomboédrique et à larges facettes. On a conclu de là et de beaucoup d'observations sur la cristallisation du fer, que la texture nerveuse du fer forgé est factice et due au travail ; que la cristallisation n'est qu'un retour à son état primitif; que le fer forgé tend constamment à reprendre l'état cristallin, et que le retour vers cet état ne dépend pas précisément du temps, mais aussi de plusieurs autres circonstances, dont la principale est sans contredit la production des vibrations. Ce phénomène est d'ailleurs analogue à celui que connaissent toutes les personnes qui travaillent le fer, et qui consiste en ce que, si l'on

forge à froid ou à une température basse une pièce de ce métal de la meilleure qualité, il se

casse quelquefois sous le marteau, ou s'il résiste pour le moment, il perd tellement de sa ténacité

qu'il devient susceptible de se rompre sous le moindre coup. Nos expériences se réduisaient donc : 1° à constater la ténacité et l'état moléculaire du fer en sortant de la forge d'Allevard; 20 à examiner quel effet plus ou moins grand de cristallisation était produit sur ce même fer après l'avoir soumis aux vibrations à la chaleur et probablement à l'électricité produite par un martelage à froid plus ou moins long, ou plus ou moins énergique; 3° enfin à faire ces essais non sur une pièce destinée pour une exposition, mais sur un produit de la fabrication courante de l'usine. Nous avons fait fabriquer sous nos yeux, avec de la fonte prise au hasard dans l'établissement,

4°1 locomotive; l'un d'eux est celui qui deux essieux de exposé, et l'autre a servi aux expériences a été qui ont été poussées à outrance. En effet, l'épreuve à laquelle on soumet ordinairement les essieux de locomotives pleins, consiste à faire tomber dessus un poids de 3o4 kilogrammes d'une hauteur de e,740 et l'on cite comme chose extraordinaire, des essieux creux que quelques personnes pensent être supérieurs aux pleins, lorsqu'ils ont soutenu D'ALLEVARD.

un choc d'un poids de 5o8 kilogrammes tombant

d'une hauteur de 4,57o. L'essieu d'Allevard ,

après avoir subi les épreuves faites avec un mouton de 3oo kilogrammes, et d'un second de 436, a été de nouveau soumis à l'action d'un troisième mouton du poids de 800 kilogrammes, ayant la forme d'un angle obtus dans la partie inférieure, et tombant d'une hauteur de 4m,7o.

Les détails des expériences que nous allons donner font présumer que le fer d'Allevard est éminemment propre à fabriquer les essieux de locoinotives, et que cette fabrication, quoiqu'à l'état naissant clans cette usine, a déjà atteint une grande perfection.

Essieux d'artillerie. M. Charrière , gérant des forges, avait fait quelques essais sur un essieu d'artillerie quelques jours

avant notre départ pour Allevard. Nous allons donner les détails qu'il nous a fournis. Cet essieu était carré. Le côté de la section était

de om,o8, et sa longueur de im,4o. Il était supporté par deux saumons de fonte espacés de om,85. On a laissé tomber un mouton de 3oo kilogrammes

sur le centre de l'essieu. Le tableau ci-dessous indique les hauteurs auxquelles le mouton a été