Annales des Mines (1845, série 4, volume 7) [Image 87]

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EXPLOSIONS

pour rematter les joints et les rivures, où on supposait que la perte de vapeur avait lieu; mais on travaillait inutilement, et la chaudière perdait toujours. Il est donc constant qu'une fissure existait déjà deux années avant que M. Liénard ne vendît sa chaudière à M. Desmazières. D'ailleurs il est facile d'expliquer comment cette fente s'est produite chez M. Liénard : un gros robinet qui fuyait constamment était adapté à un tuyau de prise de vapeur qui se trouvait placé à la partie postérieure du générateur, précisément sur l'anneau de tôle a. On comprend donc sans peine que la tôle se soit oxydée peu à peu, et qu'après plusieurs années elle ait pu s'amincir au point de se fissurer. D'après cela, je pense que l'accident de Seclin aurait fort bien pu arriver chez M. Liénard si les besoins de son établissement avaient réclamé de la chaudière la production d'une grande quantité de vapeur ; mais il fabriquait peu et la chaudière n'était pas fatiguée. Si même l'explosion n'a pas eu lieu l'année dernière chez

M. Desmazières, c'est qu'alors la plupart des

chaudières employées à la concentration des sirops et à la cuisson du sucre étant chauffées à feu nu, et les différents artifices de l'usine étant mus par

un manège, le générateur n'avait que très-peu de vapeur à fournir, et par conséquent on n'avait pas besoin de marcher à une forte pression. D'ailleurs presque tous les tuyaux perdaient, et prévenaient ainsi le danger, en supposant qu'il

existât. Cette année, au contraire, M. Des-

mazières avait fait plusieurs modifications qui exigeaient un surcroît de force motrice, et qui rendaient ainsi les chances d'explosion beaucoup plus grandes.

DE CHAUDIÈRES A VAPEUR.

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Il résulte dés faits exposés ci-dessus, que la chaudière a dû se déchirer d'abord suivant la ligne xy parallèle aux génératrices du cylindre au point où il existait déjà une ancienne fissure. Cette ligne de rupture se serait prolongée horizon-

talement , si elle n'eût pas rencontré de part et d'autre, au contact des rivures, des lignes de moindrerésistance qui lui étaient perpendiculaires.

L'anneau fendu a s'est alors déchiré suivant ces lignes, et la chaudière s'est trouvée divisée en trois

parties qui ont pu se mouvoir librement et indépendamment l'une de l'autre. Les effets mécaniques produits par l'explosion sont d'ailleurs faciles à expliquer. En effet, dès qu'une issue assez large a été offerte à l'eau et à la vapeur par la fente xy, la chaudière s'est trouvée sollicitée par une force résultant de la réaction sur la paroi opposée , force qui agissait dans un plan légèrement incliné à l'horizon et perpendiculairement à l'axe du cylindre. Cette force a eu pour premier effet de projeter l'anneau a dans l'arrière-cour , dans une direction normale au générateur. Ce premier tronçon étant séparé du corps de la chaudière, et l'eau se précipitant par

l'extrémité ouverte du cylindre, une seconde force de réaction est venue se joindre à la première, et la résultante de ces deux forces a eu pour effet, d'une part, de lancer la calotte hémisphérique postérieure en C , et d'autre part , de faire pivoter le tronçon restant de la chaudière sur son centre de gravité, en lui communiquant en même temps un mouvement de translation tel que ce tronçon est venu se rabattre sur le mur hic, dans la position où on le voit fig. 7. 11 est probable qu'au moment où l'anneau a