Annales des Mines (1844, série 4, volume 5) [Image 249]

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FABRICATION ET EMPLOI 496 meilleures conditions de la fabrication des câbles

en fil de fer, les précautions à prendre pour prévenir les accidents et la manière dont on peut réparer les câbles cassés ou usés en certaines parties. Fabrication. Les premiers câbles qui aient été faits en France n'étaient formés que de fils de fer comme ceux que l'on fabriquait en Allemagne.

Chaque toron était composé de quatre fils que l'on tordait soit à la main, soit au moyen d'une machine ; on avait soin de noyer les bouts de fil dans l'intérieur du toron ; de sorte que la surface ne présentait pas d'aspérités.

On tordait ensuite trois torons pour former le câble. Dans ce procédé il n'existait d'âme d'aucune sorte, soit dans l'intérieur des torons , soit entre eux. Ces câbles exigeaient des fils de fer assez

fins et étaient eux-même d'une petite section. Il est en effet difficile de fabriquer sans âme un câble d'un diamètre un peu grand , bien régulier ; , dans l'usage , les torons n'étant pas maintenus par l'âme se seraient pliés sous des angles aigus et les fils auraient bientôt cassé. Porportionnellement à leur section , ils présentait une surface considérable à l'oxydation, vu l'exiguïté du diamètre des fils. Ces causes de destruction rapide et la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, d'une bonne fabrication auraient restreint singulièrement l'usage des cordes en fil de fer, si l'on n'avait songé à introduire une âme en matière textile entre les torons. Les câbles actuellement employés ont une âme ordinairement en chanvre, et il est facile de comprendre qu'on doit à cette amélioration les services qu'ils ont déjà rendus à l'industrie. Il est reconnu comme impossible, dans l'art de

DES CABLES EN FIL DE l'ES.

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la corderie, de fabriquer sans âme des torons con-

tenant plus de quatre fils ; en ne mettant pas

d'âme entre les torons, on obtient des cordes peu régulières, surtout pour des diamètres un peu grands. Le premier avantage de l'âme serait donc de permettre la fabrication de torons formés de plus de quatre fils, et par conséquent offrant une plus grande résistance, et de câbles d'une section aussi considérable qu'on peut le désirer, bien réguliers dans toute leur étendue. Cette nécessité de la fabrication serait satisfaite par l'introduction d'une âme quelconque; l'âme en chanvre a été préférée afin de donner au câble plus de souplesse,

et son adoption lui a procuré une solidité qu'il n'aurait pas eue avec une âme en fer. Il est facile de vérifier cette assertion en examinant les effets de la traction sur un câble quelconque. Les torons forment des hélices autour de l'âme qui est rectiligne ; une traction étant exercée sur le câble, le pas de l'hélice des torons s'allonge, et leur roideur engendre une force qui équilibre en partie l'effort; l'âme seule n'éprouve qu'une traction longitudinale , portant sur une longueur moindre que celle des torons; l'allongement est donc proportionnellement plus considérable pour l'âme, et la limite de l'élasticité peut être dépassée avant qu'on soit arrivé à l'effort nécessaire pour

produire le même effet sur les torons. L'âme rompue, le câble peut encore présenter assez de résistance pour supporter la traction qui lui est momentanément appliquée ; mais sa solidité est détruite. Les torons n'étant plus maintenus par l'âme se rapprochent, et il se forme un étranglement au point où elle a cassé ; dès qu'une flexion a lieu en cet endroit, les torons se plient sous des Tonte T', 1844. 33