Annales des Mines (1843, série 4, volume 4) [Image 206]

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SUR DES EXPÉRIENCES

aussi essentielles pour l'essor de l'industrie, que pour le développement dé la puissance politique. C'est donc aux principales agglomérations politiques qu'appartient en général la gloire de créer ces nouveaux moyens de production qui viennent chaque jour décupler les forces et le bien-être de l'homme : et tel est.le rôle élevé que jouent surtout en Europe, depuis 25 ans, l'Angleterre et la France. Toutefois ces utiles conquêtes ne doivent pas seulement profiter aux peuples qui , favorisés par d'heureuses conditions, ont devancé les autres dans la carrière industrielle. Ce serait en vain qu'un peuple, visant au monopole des principales

industries, prétendrait réduire tous les autres peuples à la condition de producteurs des matières

brutes que lui seul mettrait en uvre. Les mêmes sentiments de. justice distributive qui n'ont permis

à aucune époque, dans l'ordre politique, blissement d'une domination universelle se manifestent aujourd'hui , avec non moins de force dans l'ordre industriel .On ne peut méconnaître que de toutes les tendances qui préoccupent les différents peuples, la plus prononcée est de fixer sur chaque territoire tous les genres d'activité que comportent le sol, le climat et la situation commerciale. Dans l'avenir, un peuple ne se conciliera la sympathie de ses voisins, qu'à la condition de respecter chez eux cette tendance; et c'est surtout en la favorisant avec discernement, autant sque le comportent ses moyens d'action, que chaque gouvernement se montrera digne de la confiance de ses administrés. Les expériences dont je me propose d'indiquer

dans cette note les principaux résultats, offrent

RELATIVES A LA FA BRICATIÔ N DES FILS DE FER. 413

un nouvel exemple de cette propension des sociétés européennes. Cette fois, c'est à la France qu'appartient l'honneur d'avoir porté à un remarquable degré de perfection l'industrie que des voisins viennent imiter; c'est le gouvernement sarde qui , avec autant de zèle que d'habileté vient fournir à l'industrie nationale, tous les renseignements dont celle-ci a besoin pour perfectionner l'une des plus importantes élaborations usuelles du fer forgé. L'art de fabriquer le fil de fer existait déjà en France dans la seconde moitié du xvie siècle mais, restreinte par le manque de débouchés, cette industrie n'eut pendant longtemps qu'une faible importance. Un document officiel constate qu'en '7.2, il n'existait en France qu'une seule

tréfilerie située dans les Vosges; et que cette usine , en portant son personnel à 3o ouvriers, aurait, pu suffire à la consommation de tout le royanme.Cette indication, si elle estexacte , permet d'estimer que la France ne consommait pas alors plus de 3.5oo q. m.de fils de fer assortis. C'est à cette même époque que, des tréfileries commencèrent à s'établir en Franche-Comté dans la dépendance des forges existant depuis plusieurs siècles dans la chaîne du Jura. Les excellents fers produits dans ces forges offraient des qualités si précieuses pour la fabrication du fil de fer, que cette élaboration ne tarda pas à devenir une spécialité importante pour la région Méridionale du groupe des forges de l'Est. La supériorité des fils de fer de Franche-Comté fut mieux appréciée de jour en jour, non-seulement en France, mais encore dans la plupart des pays étrangers. La production des tréfileries du