Annales des Mines (1843, série 4, volume 4) [Image 52]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

102

SUR LA PROVINCE DE MURCIE

de la côte et les chaînons de l'intérieur, en est le trait le plus saillant. Les terrains tertiaires forment, ou des plateaux élevés, ou des plaines

basses, au milieu desquelles sont creusés de grands

ravins larges et souvent profonds, lits de torrents à sec. Les ophites constituent de petites éminences alignées à peu près de l'est à l'ouest, et enfin le terrain volcanique présente les cônes et les cratères de soulèvement d'aspect caractéristique. Quand elles sont arrosées, les plaines tertiaires sont couvertes d'une riche végétation; dans le cas

contraire, ces terrains sableux et gypseux sont

d'une affreuse aridité. Les calcaires et les schistes de transition, sur toute la côte, sont entièrement

dépourvus de végétation, et c'est ce qui donne

aux environs de Carthagène l'aspect de désolation qu'ils présentent. Il semble qu'un immense incendie ait ravagé cette contrée, ait calciné la surface du soi, ait tari les moindres filets d'eau. Et cependant les tentatives de plantations réussissent parfaitement ; mais le paysan espagnol a horreur des arbres, et plutôt que d'en planter, il détruit ceux qu'il rencontre. On a peine à croire que ce pays n'ait pas été anciennement boisé. Quoi qu'il en soit, les montagnes calCaires de Carthagène sont d'un aspect aussi triste que la ville elle-même, avec ses ruines anciennes ,et modernes (i), avec son port, le plus beau et, le plus sûr de la Médi(1) On ne compte phis guère à Carthagène qu'une population de 10.000 âmes; c'était autrefois une ville de 80.00d habitants. La fièvre jaune en a enlevé 30.000 en

1810. II y avait un magnifique arsenal, aujourd'hui abandonné et tombant en ruines, et un chantier pour la construction des vaisseaux. L'hôpital pouvait contenir 8.000 malades. On voit encore à Carthagène les restes du châ-

ET SUR LES MINERAIS QU'ON Y EXPLOITE.

103

terranée, mais dont les maçonneries tombent à la pêmer, où l'on ne voit plus que des barques de qui bateaux à vapeur de passage cheurs et les s'y arrêtent chaque semaine pendant quelques heures. Comme nous l'avons fait remarquer en énumé- ril7s,j,L.,rasm" rant les substances minérales utiles qu'on exploite Me en Murcie, de nombreux filons et amas métallifères existent dans cette province. Les roches de transition, les schistes talqueux, et le calcaire noir en sont pénétrés, ainsi que le terrain trachytique d'Almazarron. L'origine de ces derniers filons est toute récente et postérieure au terrain volcanique. Mais il s'en faut de beaucoup que les gîtes métalliques soient également riches dans toutes les parties des montagnes où ils affleurent. Dans certaines régions, les filets et les petits amas de galène sont extrêmement multipliés ; il semble que la matière métallique en vapeur ait imprégné toutes les roches, se soit insinuée dans les moindres fissures ; mais là aussi, ces gîtes ne présentent aucune importance, leur allure n'offre aucune régularité, et la richesse en est médiocre. On ne connaît réellement dans ces montagnes que les filons d'Almagrera , au sud-ouest d'Aguilas et de Véra, qui aient une importance incontestable. C'est à la découverte des mines d' Alrnagrera qu'il faut attribuer la fureur des recherches minérales qui s'est emparée des habitants de la province. On a vu

ceux de la

teau carthaginois et d'un fort des Romains cathédrale, avec les deux colonnes prétoriennes, un tombeau, phénicien dans l'un des murs de l'hôpital. Une verrerie et une cristallerie assez importantes sont établies dans un faubourg de la ville, à Santa Lucia. C'est une petite colonie française.