Annales des Mines (1843, série 4, volume 3) [Image 382]

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SUBSTANCES MINÉRALES.

i. Chairs momifiées, provenant de cadavres inhumés dans l'église de Saint-Pierre de A ce curieux débris de la putréfaction, Caca. é.;ait jointe la note suivante, de M. E. Deslongch a mps :

Je vous envoie de la chair momifiée provenant de cadavres qui ont été_inhumés dans :un caveau placé sous le choeur de l'église de Si*an Pierre de Caen. Tout porte à croire que ce caveau est celui où Nicolle Langlois et sa femme ont dû être déosés.en 1317, année de leur décès. Nicolle Langlois était, comme on sait, trésorier de l'église ; ce fut par ses soins que la tour de l'église si remarquable par ses belles proportions, fut édifiée.

En 1836, de grands travaux, nécessités pour refaire les fondements des piliers du chur, forcèrent d'ouvrir le caveau central situé au-devant du maître-autel. Je descendis dans ce caveau, accompagné de M. l'abbé Varin, alors vicaire de la paroisse. Il s'y trouvait deux cercueils en plomb, couchés l'un à côté de l'autre (les pieds tournés sers le maître-autel), supportés sur deux grosses barres de fer coudées, et presque complétement Oxydées. Sous les cercueils étaient des débris

eat.res et pulvérulents, provenant probable-

ment des cercueils de bois qui renfermaient ceux de plomb. Ces derniers étaient ouverts en dessus par une fente longitudinale. L'on sait que, pendant la ré-volution, en 1793 et 1794 , ce Caveau avait été ouvert, dans l'espérance , sans doute ,, d'y trouver dés objets précieux. On fendit longitudinalement Couvercle, et, après avoir visité l'intérieur, on

EXTRAITS.

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rapprocha les deux bords de la solution de continuité. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que les Vandales aient laissé les cercueils de plomb.

» Leur longueur était à peu près semblable, mais l'un d'eux était plus ample que l'autre par sa largeur et sa hauteur. Celui-ci renfermait les os-

sements d'une femme, ce que la formedes os coxaux rendait très-évident ; d'ailleurs, tous les os

du squelette étaient petits, grêles, quoique bien conservés. Avec les os, et autour d'eux, étaient des masses noirâtres, molles, ressemblant à de la tourbe que l'on vient d'enlever de la tourbière. Je vous en envoie quelques-unes, devenues friables en se desséchant.

» L'autre cercueil, plus étroit, contenait les ossements d'un homme. Sauf les moyens d'union,

qui n'existaient plus, les os étaient à peine dérangés ; ils n'étaient point recouverts ou entre-

mêlés de masses noirâtres, comme dans le premier cercueil, mais le fond du second était enduit d'une sorte de bouillie noire, peu épaisse, résultat, sans aucun doute, de la destruction des chairs. Je recueillis une petite quantité de cette bouillie, qui est devenue fort dure en se desséchant. Je vous en envoie un tout petit échantillon, enveloppé dans du papier de soie. » Ces deux cercueils étaient recouverts, en dehors et en dedans , d'une croûte blanchâtre, formée, sans doute, de carbonate de plomb. »

i. Analyse de la substance noire provenant du cercueil de la femme. Cette substance, analogue à celle que les anciens chimistes ont dé-

signée sous le nom de terreau animal, est bien certainement le résidu solide de la putréfaction de toutes les parties molles et liquides des cada-