Annales des Mines (1843, série 4, volume 3) [Image 346]

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EN YORKSHIRE. FABRICATION DE L'ACIER

démontré que la consommation directe de houille qu'entraînent la fabrication et toutes les élaborations de l'acier, s'élève environ à 8 parties pour chaque partie de fer soumise à la cémenta-

tion et que cette proportion s'élève à 20 parties si l'on fait entrer en ligne de compte la consommation domestique de la population ouvrière, et celle de toutes les industries accessoires qui pour-

voient aux besoins des usines et de cette population. La fabrication et l'élaboration des i 65.000

q. m. d'acier brut que prépare le Yorkshire,

consommerait donc en Suède environ 2.200.000 stères de bois. Cet approvisionnement de combustible ne pouvant être réuni à bas prix sur un même point (i), il faudrait forcément disséminer les aciéries partout où le bois n'ayant pas d'autre emploi, serait abondant et à bas prix, c'est-à-dire qu'il faudrait se placer loin de la population, des voies de coMmunication et des débouchés, et se priver par conséquent de tous les avantages que donne aux aciéries duYorksh ire la concentration de

plusieurs milliers d'usines dont les travaux sont liés par la solidarité la plus intime. En second lieu , lors même qu'on parviendrait à lever toutes les difficultés techniques et économiques qui s'opposent à ce que l'industrie du Yorkshire soit transportée près des forges qui fournissent la matière première , il resterait à vaincre

un obstacle encore plus grand, le manque de

débouchés. Il est facile de prévoir que la Grande(1) Paris , des points de l'Europe où l'approvision, unifient annuel en bois de chauffage est le plus considérable, et qui est pourvu à cet effet d'une admirable système de voies de transports, n'en reçoit annuellement que 1.200.000 stères.

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Bretagne dont toutes les institutions tendent depuis plusieurs siècles à développer le travail des manufactures, et qui consomme au moins les trois quarts des aciers fabriqués avec les fers

du nord de l'Europe, ne livrerait pas ce vaste marché aux aciéries suédoises. Celles- ci se trouvaient même placées moins avantageusement que ne le sont maintenant les aciéries du Yorkshire, pour approvisionner les marchés neutres, puisque déjà les forges de Suède sont obligées de recourir aux entrepôts de GrandeBretagne pour placer une partie de leur sortes communes de fers et d'aciers bruts. Il existe sans doute plusieurs localités en Eu-rope où les aciéries de cémentation seraient mieux placées qu'en Suède pour lutter contre les aciéries

mais aucune d'elles ne possède au même degré que le Yorkshire, les éléments de anglaises ;

prospérité qui ont été signalés dans ce mémoire. En résumé, la prééminence du groupe d'aciéries de cémentation du Yorkshire fondée en partie sur un admirable ensemble de conditions naturelles, restera inattaquable tant que la Grande-Bretagne conservera sa suprématie commerciale et ses vastes débouchés. Pendant longtemps encore la production du Yorkshire, de même au reste que celle de tous les

districts manufacturiers de la Grande-Bretagne, ne sera limitée que par l'état des débouchés. Le moindre accroissement temporaire des ventes y détermine immédiatement l'établissement de nouvelles usines, et par suite des crises commerciales semblables à celle qui sévit depuis plusieurs années. On conçoit donc très-bien que la GrandeBretagne se montre constamment préoccupée