Annales des Mines (1839, série 3, volume 16) [Image 230]

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OBSERVATIONS

de poursuivre notre exploration et de contourner le ravin ou plutôt le grand bassin de la Sienega del videan. Une circonstance fortuite, si peu importante qu'elle fût alors, engagea mes compa-

gnons à insister pour un prompt retour. J'étais resté très-longtemps seul, sur le sommet de Ta-

blahuma , pour déterminer, avec plus de soin encore, le point d'ébullition. La fatigue d'une marche de dix heures, à pied, par des chemins escarpés, le froid, et les vapeurs épaisses de charbon que

dégageait le brasier sur lequel je nie tenais penché ( on sait que sous la faible pression atmosphérique de 15 à 16 pouces la flamme se divise, et s'élève difficilement), me causèrent des vertiges et une défaillance. Jamais, après de plus grandes fatigues et à des hauteurs plus élevées de quelques milliers de pieds, auparavant ni plus tard, je n'ai éprouvé un accident semblable. Les vapeurs de charbon avaient assurément produit plus d'effet que la hauteur peu considérable de 2.356 toises. Mes compagnons de voyage .qui se trouvaient sur la pente occidentale du sommet, s'aperçurent bientôt de l'accident : ils accoururent pour me relever et me rendre les forces, en me faisant prendre un peu de vin. Nous descendîmes lentement par la vallée de Juyucha , jouissant pendant le retour, de l'admirable vue que nous offrit le volcan de Cotopaxi éclairé par les rayons de la lune ; c'est de toutes les montagnes de neige, sans doute à cause de sa forme parfaite de cône et du manque absolu des inégalités de surface, celle qui se montre le plus souvent entièrement libre de nuages. Nous arrivâmes à Quito vers les 7 heures du soir. La composition de la roche du Pichincha est, suivant toute peu différente à la par, tic inférieure de probabilité' ce qu'elle est dans la région plus

45r élevée ; mais le mélange est à grains moins fins, et présente un aspect différent. Une carrière (GanSUR LES VOLCANS DU PLATEAU" DE QUITO.

tera) voisine du Panecillo de Javirac (sommet arrondi isolé, au-dessous duquel les Incas avaient essayé de creuser une galerie pour ouvrir un pas-

sage à Turubamba ), offre beaucoup d'intérêt sous le rapport géognostique. La roche de la Cantera est désignée sous le nom de grès par le peuple ; elle est disposée en couches , d'une couleur ordinairement gris-verdâtre, avec des rognons rougeâtres, et mélangée çà et là de petites lames de mica

noir. je l'avais nommée, pendant mon voyage grünstein porphyrique à grains très-fins ; mais d'après l'examen plus soigneux de M. Rose, c'est éga-

lement une roche doléritique criblée d'un grand nombre de pores très-petits. On distingue dans la masse quelques cristaux blancs de labrador avec des angles distinctement rentrants, et beaucoup de cristaux de pyroxène d'un vert noirâtre. L'amphibole n'y paraît pas. A un niveau inférieur à celui de la Camera, sous le sol de la ville de Quito

même, auprès de l'église de Saint - loch, dans une excavation de 15 pieds de profondeur, j'ai trouvé au milieu d'une couche d'argile un banc de pierre ponce de 8 à Io pouces d'épaisseur. Pour terminer le récit de cette première expé-

dition au volcan du Pichincha , je dois encore parler des nombreux blocs à arêtes très-vives qui gisent à l'extrémité nord-ouest de la montagne, dans la belle savane d'Inaquito , célèbre par la bataille qui s'y livra en 1516 , entre Gonzalve Pizarre et le vice-roi Blasco-Nuîiez-Vela. Ces blocs, d'une grosseur extraordinaire, nullement arrondis et non poreux, ressemblent, comme la roche du Guaguapichincha, à un pechstein noir et lustré.