Annales des Mines (1839, série 3, volume 16) [Image 201]

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DU tliPARTEMENT DE L'ISÈRE.

SUR LES COUCHES ANTHRACIFÈRES.

tement sur les grès. Cette superposition se voit très-nettement sur les bords du grand lac de Laffrey, au-dessus du hameau de Peychagnard et à l'ouest de Nantison , tout près de la Mure. Dans

cette dernière localité , les deux terrains m'ont paru n'avoir entre eux aucune liaison (1). On conçoit que cette seule observation ne serait pas suffisante pour établir leur indépendance ; car, aux

environs de la Mure, les couches sont tellement bouleversées et contournées qu'une simple apparence de stratification discordante pourrait bien induire en erreur, mais depuis peu des travaux exécutés dans la mine de Rocher-Blanc ont amené

la découverte d'autres faits qui sont décisifs. On exploite à Rocher-Blanc une couche d'anthracite dont l'épaisseur moyenne est de 8 à 9 mètres, et qui est dirigée vers l'est-nord-est avec une inclinaison variable du côté du sud. La partie supérieure de cette couche, où sont situés les travaux d'exploitation, a pour toit précisément les bancs de calcaire cristallin qui forment la première assise du terrain jurassique. Ces bancs coupés à pic font plusieurs inflexions sur les flancs de la montagne, et peuvent se suivre d'une manière continue pen-

dant plus d'une demi-lieue , jusqu'au hameau du Villaret. Il existe, dans cette dernière localité, une autre couche de combustible à peu près de même direction et de même épaisseur que celle de Rocher-

Blanc, et comme elle est située immédiatement au-dessous du calcaire , d'après cette identité de

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position, on a cru, pendant longtemps, que ces deux couches, malgré leur distance, étaient le prolongement l'une de l'autre ; mais, dans le courant de 1837, de nouvelles explorations, faites à la mine de Rocher-Blanc, ont montré que la couche d'anthracite , d'abord parallèle au calcaire sur une

certaine étendue , prenait ensuite une inclinaison plus rapide et s'en éloignait considérablement. Des galeries, qui ont été dirigées, partir du toit de l'anthracite , contre le calcaire jurassique , ont prouvé qu'il y avait entre deux plusieurs Couches de grès de schistes et même de combustible, toutes inclinées comme le gîte principal et allant couper , sous un angle sensible, les bancs calcaires situés au-dessus. On s'est assuré également que la couche d'anthracite du Villaret était oblique par l'apport à ce calcaire, et qu'il en était de même d'une autre couche puissante située près du Peychagnard et nommée Mine de 1' Eperon. Comme toutes ces couches plongent dans le même sens , il en résulte que les gîtes du Villaret et de RocherBlanc , considérés d'abord comme des équivalents, sont en réalité séparés par une grande épaisseur de terrain anthracifère, dont les strates sont nécessairement coupés en biseau par le calcaire cristallin supérieur. La.fig. 1, Pl. 1711, montre cette disposition des couches, qui prouve que le terrain jurassique est tout à fait indépendant de la formation ès.

desa Nous venons de voir qu'aux environs de la Mure il y avait une liaison intime entre les grès à an- crèsiantbracite de nIsa"s. thracite et les schistes talqueux regardés comme

(I) C'est aussi le jugement qu'ont porté MM. Gueymard et de Villeneuve, ingénieurs des mines, et M. Ruelle , minéralogiste très-instruit , dans un voyage que nous rimes ensemble sur les lieux en 1837.

primitifs ; nous allons maintenant prouver que ces deux espèces de roches ne doivent pas être séparées géologiquement. Il existe dans l'Oisans un système