Annales des Mines (1836, série 3, volume 10) [Image 270]

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RECHERCHES

SUR LE 111ONT ETNA.

lande des laves très-abondantes couler rapidement et sur de grandes longueurs sur des pentes beaucoup plus faibles.

que leur mouvement éprouve de la part de l'écorce

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Les vallées de Skaptaa et du Hverfis-Fliot , qu'ont suivies les coulées qui se sont fait jour en

1783 au pied du Skaptar Jokul, en Islande, ne ne doivent pas avoir présenté des pentes générales de plus de 3o', et, comme il s'y trouvait des endroits rapides et même des cascades, il est évident que les laves dont il s'agit doivent y avoir coulé

sur de grandes longueurs sur des pentes de moins

de 2d. Mais ces laves, qui paraissent avoir été du nombre des plus abondantes dont l'histoire des volcans fasse mention, peuvent bien avoir été

aussi du nombre de celles qui ont continué à couler sur les pentes les plus faibles, et le tableau

ci-joint montre que beaucoup de coulées trèsconsidérables se sont effectivement arrêtées, faute

de pouvoir couler, sur des pentes plus considérables.

Les personnes, è qui la mesure des pentes ne serait pas familière, pourraient peut-être s'étonner qu'un liquide visqueux comme la lave continue encore à couler sur des pentes de moins de 20; mais leur étonnement cessera probablement aussitôt qu'on leur fera remarquer que les grands fleuves de l'Europe, dont la section transversale est moins étendue que celle des fleuves de lave en question, coulent presque torrentiellement toutes les fois que leur pente atteint seulement un quart

de degré, et que, par conséquent, lorsqu'on est conduit à admettre qu'un fleuve de lave s'est arrêté de lui-même sur une pente d'un degré, par exemple, on fait par-là même une très-large part l'effet de la viscosité des laves et aux obstacles.

qui les couvre et des scories qui les entourent. Pour faciliter ce dernier rapprochement, j'ai joint à ce mémoire un tableau, dans lequel sont consignées les pentes d'un grand nombre de cours d'eau , pentes que j'ai mesurées moi-même

comme celles des laves, à l'aide d'un sextant et d'un vase rempli de mercure, ou que j'ai calculées d'après des nivellements exacts qui m'ont été communiqués par M. le baron de Prony, inspec-

teur général des ponts et chaussées , et par M. Dausse , ingénieur au même corps. (Voyez à la tin du n.émoire le tableau n° 6.) Ce qui arrive à un -fleuve de lave qui sort des flancs d'un volcan ressemble beaucoup, en dernière analyse, à ce qui arriverait à un fleuve d'eau qui, par un temps excessivement froid, viendrait à sourdre sur les flancs inclinés d'une montagne, dont les pentes, en s'adoucissant graduellement, iraient se confondre avec une plaine. Sur les pentes les plus rapides qu'il parcourrait d'abord, le fleuve

d'eau coulerait torrentiellement, et, malgré l'intensité du froid, il ne pourrait que charrier des glaçons, sans se couvrir d'une écorce de glace continue, parce que l'impétuosité de son mouvement brisdait cette. glace au fur et à mesure de sa formation ; mais, arrivé sur des pentes plus douces, le fleuve d'eau perdrait de sa vitesse et se couvrirait d'une écorce de glace sous laquelle il

continuerait à couler; enfin, parvenu dans la plaine, il formerait un lac qui, si le froid était suffisant, finirait par se geler en masse. Il y aurait cependant entre le mouvement du fleuve d'eau et celui d'un fleuve de lave 'deux différences essentielles: la première c'est qu'à pente égale le fleuve d'eau serait beaucoup pl-us rapide que le fleuve Tome X , 1836.

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