Annales des Mines (1834, série 3, volume 5) [Image 96]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

190

ITINÉRAIRE

Castilles; l'épanouissement à la surface de ces roches cristallines s'est sans doute opéré principalement clans les lignes de fracture qui bon(laient les formations tertiaires : toutefois elles ont produit çà et là des rides qui ont amené ic la

Chnine

granitique du SommoSierra.

surface les dépôts plus anciens, et qui plus souvent peut-être ont simplement modifié des rides déjà existantes. La chaîne du Sommo-Sierra, dont quelques mes élevées conservent de la neige pendant toute

l'année, est presque entièrement composée de granite qui a brisé à une époque déjà fort an-

cienne une épaisse couche de gneiss et de micaschistes. L'oeil du voyageur, fatigué de la monotonie de la longue plaine qu'il vient de traverser, se

repose avec plaisir sur le sol hérissé de rochers qui s'étend en pente assez douce depuis Buitrag-o jusqu'à la Venta. Il observe avec intérêt les masses granitiques décomposées en partie par l'action des siècles ; cette décomposition a donné lieu à des fragmens énormes, isolés l'un de l'autre, et composant des collines entières où ils paraissent entassés par une forcé surnaturelle. Aucune description ne peut donner une idée de l'aspect de désolation que la destruction totale des arbres imprime aux plateaux des Castilles et de la Manche. ll,ne reste plus trace des forêts qui embellissaient autrefois ces contrées : rien d'ailleurs dans la plaine, qui s'étend du Som:no - Sierra l'approche Situation a, Madrid , ne peut faire soupçonner oasis au milieu Madrid.. d'une capitale. Madrid, véritable d'un désert , est situé sur le plateau, et sur le bord de la dépression assez profonde dans laquelle qui dès la manzanarès. coule le Manzanarès. Cette rivière, de fin d'avril n'est guères composée que quelques

D'UN VOYAGE EN ESPAGNE.

191

filets d'eau qui baignent çà et là un fond sableux, est tout-à-fait extérieure à la ville. Une distance

de deux à trois cents mètres sépare la porte de Tolède d'un pont très-somptueux, dont la solidité et les proportions gigantesques sont bien peu en harmonie avec la nature de l'obstacle qu'il avait à vaincre. On ne doit pas s'attendre à rencontrer à Madrid ces institutions scientifiques et ces belles collections qui, dans les autres capitales de l'Europe, permettent au naturaliste de jeter un coup d'oeil général sur les diverses provinces. On peut cependant visiter un cabinet d'histoire naturelle

où le règne minéral en particulier est repré-

senté par des échantillons dela plus grande richesse

empruntés au sol de la métropole et des colonies américaines ; malheureusement cette collection se trouve encore dans l'état où la science l'avait

rangée sous le règne de Charles III. Dans ces dernières années le gouvernement a créé à Madrid une école des mines plusieurs parties de

École des mines.

cet étab!issernent ont été montées avec une véritable somptuosité ; toutefois, la direction des mines n'a encore pu réaliser les espérances que l'on avait fondées sur cette école : il est difficile d'y réunir des jeunes gens déjà versés dans la connaissance des sciences élémentaires; les élèves sont d'ailleurs privés des moyens d'instruction les plus indispensables, et .par exemple d'une bibliothèque un peu étendue, de collections de minéraux et de machines; à cet égard, presque tout reste encore à créer.

La grande route de Madrid en Estramadure De maaria en

traverse de vastes plaines qui s'élèvent en pente Estramadure, douce, des bords du Tage au pays montueux do-