Annales des Mines (1832, série 3, volume 3) [Image 41]

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FUSION DES MINER AIS DE FER

lenteur dans la descente des charges. Tous les moyens employés furent sans succès et ne firent que soulager l'état pénible des fourneaux pour quelques instans. On fit usage successivement d'une tuyère, d'une seconde et d'une troi4i1

sième. Elles furent posées horizontalement , puis

inclinées un peu vers le haut pour faciliter la descente des charges. Les buses qui n'avaient que 18 lignes de diamètre furent portées progressive-

ment jusqu'à 3o lignes. On varia également les mélanges des minerais, des fondans, la pression du vent , etc. , mais toujours sans la moindre

lueur de succès. A la suite de ces tentatives pénibles, une maladie m'éloigna pour quelque temps des -fonderies

pendant ce temps, soit par crainte,

soit parce que la position n'était pas tenable,

M. Robin supprima tout l'anthracite. Dans moins de quatre jours, le fourneau se rétablit bien. et donna de bonnes fontes avec des laitiers qui ire laissaient plus rien à désirer. Dès que ma santé me permit de reprendre le

cours de mes fonctions; on continua les essais avec , , et d'anthracite. Les mêmes phénomènes qui avaient eu lieu sous la gestion de M. Lebrun se reproduisirent, et les nouveaux moyens 'employés pour les combattre furent inutiles.

La cause de non-succès m'était bien connue. L'anthracite de la Mure est d'une compacité trèsgrande et la combustion en est très-lente. La descente des charges, dépendant de la combustion facile et prompte des combustibles , il n'y avait pas possibilité de changer notre position. Mais l'obstacle plus grand encore , était la dé-

AVEC L' A NTHR A CITE .

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crépitation de l'anthracite dans le fourneau : ce combustible se réduisait en poussière dans quelques instans , et dès lors la circulation de l'air

ne pouvant s'établir, on avait les projections de laitier par les tuyères et par la tympe. J'avais précédemment fait, au laboratoire de Grenoble, quelques essais pour faire du coke avec de houille de la Loire et de poussière d'anthracite. Ces essais furent couronnés d'un

grand succès en petit. Le coke était poreux, facilement combustible et d'une assez grande

consistance pour pouvoir être employé dans un haut-fourneau. Je pensais que la fabrication en grand ne pouvait présenter le moindre obstacle, et de suite on fit construire un four pour faire ce coke. il n'y a jamais eu possibilité d'agglutiner la poussière d'anthracite dans ce fourneau. Ce problème est possible, j'en demeure convaincu, , mais il devait être confié à des mains plus habiles. 11 ne pouvait, au surplus, que changer faiblement notre position. Amener à Vizille du combustible de. Rive-de-Gier pour faire de la fonte, était un projet peu raisonnable, lorsque sur tous les points du royaume les élémens pour faire de de la gueuse sont à des distances moindres.

En désespoir de cause, et ne voyant pas la possibilité d'échapper au naufrage, je fis charger le fourneau avec des minerais crus; dela grosseur du poing, au lieu d'employer des minerais grillés qui finissaient par obstruer le fourneau avec

l'anthracite, après- la décrépitation. Dans deux jours le fourneau se rétablit bien, le tirage et la circulation de l'air étaient assez forts , les laitiers se purifièrent, les fontes devinrent grises et semblables aux plus belles fontes anglaises. En Tome 11f,, 1833. 6