Annales des Mines (1832, série 3, volume 2) [Image 3]

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SUR LES PHÉNOMÈNES

DES VOLCANS.

métaux des terres et des alcalis à l'air et à l'eau, et d'expliquer, non-seulement la formation des laves, mais encore celles des basaltes et de beaucoup d'autres roches cristallines, par le refroidissement len t. des produits de la combustion de foxidation des substances nouvellement dé-

éruption peu de jours auparavant, et qu'un ruisseau de lave coulait avec une grande activité par une ouverture de la montagne située un peu audessous du sommet. J'y montai le 5; j'examinai le cratère et le ruisseau de lave. Le cratère jetait

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couvertes.

Je développai cette opinion dans une note sur la décomposition des terres publiée en I 8o8; et depuis 1812 je me suis efforcé d'en prouver la vérité en examinant les phénomènes volcaniques, tant anciens que modernes, dans les diverses parties de l'Europe. Dans ce mémoire, j'aurai l'honneur de développer devant la Société royale quelques résultats de

mes recherches. S'ils ne résolvent pas le problème touchant la cause des feux volcaniques, j'espère qu'ils jetteront quelque lumière sur cette question, et pourront servir comme de fondement aux. travaux à venir.

Le volcan actif sur lequel j'ai fait mes expé-

riences est le Vésuve. Probablement il n'en existe aucun autre qui soit aussi admirablement situé pour des recherches : son voisinage d'une grande

cité, la facilité avec laquelle on peut y monter dans toutes les saisons de l'année, et la nature

de son activité, offrent aux physiciens des avantages tout particuliers. Aux printemps de 1814 et de 1815, je fis sur le Vésuve plusieurs observations dont je parlerai plus bas dans cet écrit; mais ce fut en décembre 1819 janvier et février 1820, que le volcan se présenta dans des conditions les plus favorables pour des recherches. A mon arrivée à Naples, le 4 décembre, je trouvai qu'il y avait eu une petite

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une si grande quantité de fumée, mêlée à des vapeurs d'acides muriatique et sulfurique, qu'il était impossible d'en approcher, si ce n'est dans la direction du vent ; il tombait aussi, toutes les deux ou trois minutes, une pluie abondante de pierres incandescentes. La lave coulait par une ouverture située à environ cent yards au-dessous, et paraissait expulsée par des fluides élastiques, avec un bruit semblable à celui que produit la vapeur qui s'échappe d'une machine à haute pression. Elle avait une fluidité parfaite, formait un courant de cinq à six pieds de diamètre, et tombait brusquement , comme une cataracte, dans un gouffre d'environ quarante pieds; là, elle se per-

dait sous une sorte de pont de lave refroidie, pour reparaître soixante ou soixante-dix yards plus bas. A l'endroit où la lave sortait de la mon-

tagne, elle était presque d'un rouge blanc et

aux yeux le spectacle dont on est témoin quand une perche de bois est introduite dans du cuivre fondu : sa surface paraissait dans une grande agitation, de forts bouillonneniens jaillissaient, et en éclatant produisaient une fumée blanche; mais la lave n'était plus que rouge, quoique toujours visible à la clarté du soleil, à l'endroit où elle sortait de dessous le pont.. La violence du courant était si grande, que mon guide, quoique très-vigoureux, n'y pouvait pas maintenir une longue baguette de fer. L'étendue de la course de la lave, en comptant deux ou