Annales des Mines (1829, série 2, volume 5) [Image 269]

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OSSEMENS HUMAINS FOSSILES

raison, à M. Tournai que les ossemens de Bize étaient d'une date plus récente que ceux des autres cavernes, mais que néanmoins ils se rapportaient à des temps très reculés, puisqu'ils

étaient contemporains de races qui ne vivent plus non seulement dans nos contrées, mais encore dans aucune autre partie connue de nos continens. Ces faits n'ont donc apporté de modifications

dans les opinions reçues jusqu'à ces derniers temps qu'en ce qu'ils ont montré que de grands quadrupèdes ont pu être entièrement détruits, je ne dirai pas depuis les temps historiques, mais au moins depuis l'établissement de l'homme dans nos contrées. Quelque ancienne que soit cette époque, elle ne remonte pas cependant jusqu'aux temps que l'on est convenu d'appeler géologiques, jusqu'à cet âge que M. Cuvier a appelé l'âge des mastodontes et des mégathériums; du moins c'est la conclusion à laquelle sont arrivés MM. Marcel, de Serres et Tournai, lorsqu'ils ont considéré les phénomènes de la caverne de Bize, comme formant le passage ou la liaison des temps géologiques aux temps historiques. Ainsi donc, dans cet état des choses, et en se renfermant dans les limites des faits observés jusqu'à ce moment dans la caverne de Bize, non seulement on ne peut pas dire que les ossemens humains qu'on y rencontre soient antédiluviens ou fossiles, mais même on ne peut pas dire que les

animaux inconnus qui les accompagnent puissent être considérés comme tels; car puisqu'on ne les a jamais trouvés ailleurs dans l'une de ces couches classées suivant l'échelle des formations; puis-

DES CAVERNES.

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qu'ils n'ont point présenté d'association avec aucun des animaux caractéristiques de la période

antédiluvienne, ce serait gratuitement , ou par des considérations non avouées, que l'on attribuerait à leur existence dans nos contrées la même antiquité qu'aux races antédiluviennes ou fossiles : aussi doit-on convenir que, tant que quelque espèce évidemment antédiluvienne n'aura pas été reconnue avec eux , les ossemens humains de Bize ne nous donneront point les moyens

de répondre à cette question que M. Cuvier a développée dans son Discours sur les révolutions

du globe, lorsqu'après avoir fait l'énumération des animaux fossiles et des gisemens qu'ils carac-

térisent, il se demande à lui-même : « Où était » donc alors le genre humain? Ce dernier et ce » plus parlait ouvrage du Créateur existait-il » quelque part ?» Les observations que j'ai recueillies nouvelle-

ment se rattachant puissamment à celles de

M. Tournai, dont elles sont en quelque sorte le complément, et pouvant résoudre la question dont les phénomènes de Bize avaient laissé la solution incomplète, j'ai cru ne pas devoir différer plus long-temps de les faire connaître.

Sans vouloir établir ici des distinctions qui auraient pour but d'étendre ou de restreindre la signification que l'on doit donner au mot fossile ; sans chercher si de ce principe établi en géologie, que la vie a marché sur le globe du

simple au composé, on a pu en déduire que

l'homme n'avait point péri avec les animaux qu'on trouve à l'état ibssile, je dirai que si l'on a donné

le nom de fossile aux rhinocéros, aux hyènes, aux ours de races éteintes, que l'on trouve dans