Annales des Mines (1829, série 2, volume 5) [Image 130]

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DE LA TOURBE

CARBONISATION

grande espérance de secours pour notre indus-

trie du fer. En effet, le coût précédent,

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fr.

58 c., est rapporté à un ensemble de circonstances qu'il sera presque partout bien difficile de réaliser; car, d'une part, le prix de la tourbe crue, 'à i fr. 33 c. le mètre cube, suppose c. Qu'il ne soit payé aucune redevance au propriétaire de la tourbière, quoique aujourd'hui ceg.enre de propriété acquière une valeur no table; Que les frais de transport de la tourbe sèche au magasin soient presque nuls, ce qui a lieu, il est vrai, au Champ-du-Feu, près nothau, parce que l'exploitation très bornée ne s'est étendue qu'à quelques pas du point de départ, ce qui cesserait d'être bientôt si l'on avait à alimenter un haut-fourneau : dès lors, les frais de transport au magasin croîtraient suivant une progression rapide, à cause de la difficulté qu. on éprouverait à faire mouvoir des fardeaux sur Un terrain tour-

beux.

D'une autre part, le chiffre 4,58 représente le coût de la tourbe carbonisée au pied du fourneau de carbonisation : il faudrait y joindre encore les frais de transport jusqu'au haut-fourneau, et l'estimation du déchet qu'elle éprouverait en sus de celui que subirait une quantité correspondante

de charbon de bois. Je remarquerai encore que la consommation de charbon de bois pour 1k. de fonte ne dépasse pas dans les usines passablement conduites ik,5; tandis que pour le coke l'on ne doit pas compter sur moins de 2k. à 2k,5, et qu'il n'est pas probable qu'un combustible aussi léger que le charbon

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de tourbe présente, sous ce rapport, de l'avantage sur le coke. Dès lors on concevra que, même pour des forges peu distantes de la tourbière, la

quantité de charbon de tourbe qui correspond à look. de charbon puisse atteindre le prix de 8 fr. à 8 fr. 5o c., terme auquel le charbon de bois s'est élevé à peine sur des points des plus mal partagés lors de la hausse des dernières années.

Ajoutons enfin que les tourbes de vallées, presque sans exception, sont toujours terreuses, et que, carbonisées, il est. rare qu'elles ne contiennent pas 25 à 3o pour loo de cendres, et plus encore. Les tourbes des lieux élevés beaucoup

plus pures seraient. donc les seules qu'on pût utiliser dans les hauts-fourneaux : or, elles sont peu répandues ; leur position sur des plateaux humides en rend la dessiccation difficile, gêne l'exploitation , et accroît considérablement les transports. La substitution dont il s'agit ici me paraît donc ne pouvoir présenter de l'économie que pour des localités placées dans une position particulière, telles seraient, par exemple, celles qui se trouveraient côte à côte de tourbières puissantes et profondes d'un asséchement facile, et dont la tourbe plus compacte que celle du Champ-du-Feu permettrait de retirer de chaque opération un plus grand poids de charbon.

Une circonstance qui rendrait moins coûteux l'emploi du charbon de tourbe, c'est qu'il paraît susceptible de remplacer très bien le charbon de bois en totalité ou en partie dans les foyers d'affinerie, les feux de chaufferie divers, les forges de maréchalerie, etc. On pourrait utiliser ainsi le

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