Lettre écrite de Moutiers. [[1]]

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De Moutiers le 18 fructidor

Je profite monsieur et tendre ami, du départ de Mr Cray de cette ville, quoique ce matin encore le courrier ait emporté un paquet volumineux et y incluses une lettre pour vous et une pour mon tendre père. M Cray le jeune homme qui doit lui même vous remettre la présente est dotté d'excellentes qualités et a un désir extrême de s'instruire. Aussi son instruction est-elle le principal motif de son voyage à Paris où il va suivre des cours publics. Sa fortune est bornée, son voyage et son séjour dans la grande ville lui seront onéreux. Il a besoin d'être dirigé. Il est jeune. Je sais par moi-même le touchant intérêt que vous portez à la jeunesse. Je ne crois pouvoir mieux faire que de faire que de vous l'adresser. Je l'engage à vous voir de temps en temps. Suivez-le, je vous prie un peu. Je lui dois beaucoup, il s'est attaché à moi et m'a prodigué tous les soins possibles durant ma fièvre. Je suis logé chez son père cafetier et procureur en cette ville. Depuis quinze jours Cray prenait chez moi des leçons de dessin. Nous avons eu des conférences sur quelques sciences dont il a déjà des notions. Ayez la complaisance de le questionner, de le diriger et de l'éclairer. C'est à moi-même que vous continuerez vos soins, mon cher Gillet, car je ne vous dissimule point que le sort de ce grand garçon isolé dans la grande ville m'inquiète un peu : je l'ai également recommandé à mon père auquel il doit remettre une lettre. J'ai prié mes frères de le suivre, et de lui faire voir de la manière la plus instructive, nos musées, nos bibliothèques, nos collections, nos cabinets, etc.