Annales des Mines (1823, série 1, volume 8) [Image 47]

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DE FRANCE.

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SUR LES MARBRES

MM. Alexandre Dunnége et Bourguignon-Tan-

tou n'étant pas présens à la séance, la médaille d'or décernée au premier et la médaille d'argent décernée au second, leur seront envoyées.

III. Carri&e de Serpentine de la HauteVienne. Le département de la Haute-Vienne, connu

pour les nombreuses productions minérales que renferme son sol, possède une carrière de belle serpentine verte, propre au décors d'architecture monumentale et particulière. Cette carrière est située dans les landes de la , au bord de la route de Limoges à SaintYriex. L'exploitation se fait à ciel ouvert à même la masse, qui est pleine, entière, et susceptible de fournir des blocs de toute grandeur et de toute dimension ; c'est à M. Sagstête de Limoges que nous en devons la connaissance. La couleur de cette serpentine varie du vert brun au vert noirâtre, avec quelques taches ou jaspures jaunes, rouges, grises Ou verdâtres ;semées irrégulièrement. Dans le fond de la masse, on distingue çà et là des grains de fer oxidulé , et quelquefois des lames bronzées de diallage métalloïde : de légères veinules d'asbeste soyeux et blanchâtrese coupent et s'entrecoupent en différens sens. Enfin, sous le rapport de la dureté .

cette serpentine ne le cède en rien aux plus

belles qualités connues de cette roche ; et comme'

elles, elle prend un très-beau poli, doux, égal

et uniforme, qui fait ressortir les reflets bronzés de la diallage et les veinules soyeuses de l'asbeste sur le fond brun ou verdâtre de la masse. D'après un rapport de M. Allou, Ingénieur des Mines , il paraît que cette serpentine n'est pas

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précisément une découverte nouvelle, et qu'elle a été autrefois exploitée, mais à une époque trèsreculée ; M. Anou cite même divers monumens du moyen âge qui en sont décorés, et il ne pense pas, comme on l'a souvent répété, que. ce soit de la Roche-l'Abeille que les Romains aient extrait les belles colonnes de serpentine dont ils avaient décoré les arênes et les temples ou édifices qu'ils avaient élevés dans la ville de Limoges. Au reste, et quoi qu'il en soit des travaux faits par les anciens, il paraît constant que depuis très-long-temps, il n'y avait plus aucune.exploitation à la Roche-l'Abeille, et que c'est réellement à M. Sagstête que nous devons la connaissance de cette belle serpentine, qui peut être exploitée avec avantage pour le décors de nos constructions publiques ou particulières. Déjà M. Sagstête a monté de grands ateliers, dans lesquels il fait travailler sa serpentine, et il l'emploie présentement avec le plus grand succès pour les ameuble-

mens intérieurs en remplacement 'des marbres qu'il était précédemment obligé de tirer de Paris. La propriété de résister au feu que présente la serpentine de la Roche- l'Abeille lorsqu'elle est homogène , comme en général toutes les pierres et les roches de la classe des stéatites ou pierres ollaires , avait donné l'idée M. Sagstête de l'employer pour la fabrication des poêles et des cheminées à la prussienne. Ses premiers essais avaient assez bien réussi ; mais les nouvelles expériences que nous avons faites, ne nous permettent pas de penser que ce genre de fabrication puisse se soutenir, à cause de la prompte altération qu'éprouve la serpentine asbestée lorsqu'elle est exposée pendant quelque temps à un

feu tant soit peu ardent.