Annales des Mines (1822, série 1, volume 7) [Image 317]

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CRISTM,LOC.J.IAPHIE ET MINERALOGIÉ. 6t6 qui en ont été la suite ; quoique C ouvrages, dont un seul suffirait pour faire la réputation d'un homme, soient les der-

niers par lesquels s'est terminée une longue carrière , si glorieu-

sement remplie ; néanmoins , on y retrouvera cette force de génie et de raisonnement, cet esprit de recherche et d'observation, cette pureté et cette élégance de style, qui font de tous les écrits de M. l'abbé Haüy, autant d'excellens modèles à suivre. Il ne peut entrer dans notre sujet de faire de cet article une notice nécrologique ; niais qu'il nous soit permis d'ajouter ici qu'indépendamment des ouvrages importans que nous devons

à l'auteur, il a composé un grand nombre de mémoires, qui font l'ornement de nos recueils scientifiques : d'un autre côté, il servait encore utilement les sciences, en les enseignant luimême avec une telle supériorité , qu'il sera toujours cité comme un de nos meilleurs professeurs. Tous ses momens étaient si bien comptés, et distribués avec tant d'ordre, qu'il trouvait aussi le temps, dans des conférences particulières, de donner à de jeunes minéralogistes des leçons , dans lesquelles il prenait la peine de lever, avec une rare complaisance , difficultés qui pouvaient les arrêter.

Le travail était un véritable besoin pour M. l'abbé Haiiy même dans les derniers temps, toutes ses idées étaient toujours tournées vers les sciences , qui avaient fait le bonheur de sa vie. Il s'en occupait avec un calme et une sérénité d'esprit qui excitaient l'admiration des personnes qui l'entouraient. Étendu sur son lit de douleur,, il corrigeait encore les épreuves de sa Minéralogie , il revoyait ses manuscrits. On pourra dire de lui, comme dit célèbre Euler: Il a, presque au même moment cessé de travailler et de vire i- Tous ceux qui ont approfondi ses ouvrages ; tons- Ceux qui ont eu l'avantage inappréciable de l'entendre:; tous ceux qui uni été assez heureux pour être appelés à le, connaître et à recevoir des témoignages de son affection, aimeront et éprouveront une bien douce jouissance, à répéter avec nous : Par ses écrits, il a agrandi le domaine des sciences; par ses leçons,i1 a illustré nos écoles; par l'amour qu'il portait à ses élèves, par les soins et par les conseils qu'il leur donnait avec tant de bonté d. a attaché à son nom une gloire impérissable. .

NOTICE NÉCROLOGIQUE Sur M. GRANDIN Ingénieur des Mines.

HENRI-PIERAE-FÉLIX GRANDITI , ingénieur au Corps royal

des Mines, fils d'un fabricant distingué d'Elbeeuf, était né dans cette ville le 17 juillet 1787. Ilfit ses premières études à l'École centrale de Rouen, et les continua aux Ecoles centrales de Paris, où il acquit des connaissances assez étendues dans les différentes branches de l'histoire naturelle. Il fut admis, en octobre 18o5,

à l'École Polytechnique, et deux ans après à l'École des Mines , qui était alors placée à Moutiers ( département du

Mont-Blanc. )

La santé de M. Grandin avait été faible depuis sa naissance ; elle s'affaiblit encore pendant son séjour en Savoie, et l'obligea, après sa nomination comme aspirant en décembre 18 1 o , de passer plus d'un an à Paris pour se rétablir. En 5812, il fut attaché au service des Mines dans les département qui formaient alors la douzième division minéralogique, et placé en résidence à Mons ( département de Jemmapes ); il s'y fit bientôt remarquer par un zèle infatigable et par un courage qui faillit lui devenir funeste. Chargé de visiter les houillères des environs de Cliarleroy, où de fréquentes détonations de gaz hydrogène compromettaient souvent la vie des ouvriers, il voulut, dans l'une des mines où l'air circulait mal, pénétrer, malgré le danger imminent de cette reconnaissance, jusqu'aux endroits où il présumait avec raison que les conduits d'airage étaient dégradés. Il trouva en effet les parois de l'un de ces conduits à moitié renversées, et fit reconnaître la brèche par laquelle le gaz délétère s'échappait pour

rentrer dans .les travaux. Ce gaz prit feu à la lumière de M. Grandin , qui , se jetant aussitôt par terre , dut à cette précaution de ne pas perdre la vie ; mais il eut le visage et leSI

mains fortement brûlés, et il porta pendant long-temps les marques de cet accident.

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