Annales des Mines (1822, série 1, volume 7) [Image 243]

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SUR LA CHAUX

fondation encombrée de la même église; trèsdur et très-tenace. Mortier de six cents ans, provenant des murs de la cathédrale de Brandebourg. Mortier romain, provenant d'un mur de ville construit à Cologne sous Agrippa, dans le premier siècle de Père chrétienne.

Mortier romain provenant d'une tour bâtie par Agrippa. Il parait que, dans les deux derniers mortiers, la portion de chaux non saturée d'acide carbonique est combinée avec de l'alumine. Mortier de trois cents ans, provenant de l'enceinte du château de Berlin. Ancien mortier hydraulique romain. Mortier de Trève , âgé de quatre ans. On voit, par ces analyses, qu'aucun de ces mortiers ne contient une quantité d'acide carbonique suffisante pour la saturation de la chaux ; mais que, d'un autre côté, une portion de cette terre est unie chimiquement, à la manière des corps terreux natures, soit avec de la silice, soit avec de l'alumine, soit avec de l'oxide de fer, peut-être même quelquefois avec ces trois

substances à-la-fois. On conçoit que des mortiers aussi anciens (en exceptant le mortier de Trève) ne doivent plus contenir d'hydrate de chaux ; aussi ne peuventils plus absorber d'acide carbonique lorsqu'on les plonge dans ce gaz pur. Dans les mortiers qui

sont à découvert, la chaux attire l'acide carbo-

nique de l'air; dans ceux qui sont toujours

mouillés , la chaux attire bien plus rapidement

encore l'acide carbonique que l'eau tient en

dissolu Lion,

ET LE MORTIER.

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On remarque que les mortiers les plus durs et les plus tenaces, tels que les mortiers hydrau-

liques, sont ceux qui renferment le moins de carbonate de chaux. Il est évident, d'après cela, que c'est à la combinaison terreuse de la chaux qu'ils doivent cette grande solidité. On pourrait croire que cette combinaison se

forme au moment où l'on mêle la chaux en

bouillie avec le sable, mais il n'en est pas ainsi : des expériences directes ont prouvé que la chaux n'a aucune action sur les substances pierreuses

par la voie humide. En effet, des cristaux de roche, des saphirs et des grenats, ayant été tenus pendant six mois dans de la chaux en bouillie, ne furent nullement altérés et ne perdirent pas la moindre chose de leur poids : d'un autre côté on a vu que, dans les pierres calcaires, la chaux

est tout entière combinée avec de l'acide carbonique; il faut donc que ce soit pendant la cuisson de la pierre que se produise le composé de chaux et de silice qui existe dans les mortiers : l'expérience suivante a pleinement confirmé cette induction. Une certaine quan-

tité de pierre calcaire de Berlin, ayant été

fortement calcinée, on l'a traitée immédiatement par une grande quantité d'eau bouillante;

l'eau a enlevé beaucoup de chaux pure, mais il est resté un résidu composé de silice, d'alumine et de chaux, qui s'est complétement dissous dans l'acide nitrique sans produire aucune effervescence : or, dans son état naturel, la même pierre laisse clans l'acide nitrique un résidu d'argile pure ; cette argile est donc rendue soluble dans les acides par l'action que la