Annales des Mines (1821, série 1, volume 6) [Image 277]

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CARACTÈRES ZOOLOGIQUES

ces' différences, peuvent être le résultat d'âne révolution ou d'une formation instantanée, qui n'établissent point, en géognosie , d'époque spéciale. Sans chercher à prouver ce principe par de plus longs raisonnemens, il me suffira de citer un seul fait. Les terrains de la Calabre ont été, il y a trente-huit ans, le théâtre de bouleversemens affreux : des couches horizontales ont été redressées, des masses entières de terrains ont été transportées assez loin, et sont venues se placer en stratification contrastante sur d'autres terrains, et aucun géologue n'a proposé de regarder ces masses et ces terrains comme d'une époque géognostique différente. Il faut, pour le changement des espèces organisées des circonstances d'une bien autre valeur, des phénomènes bien plus généraux et des temps bien plus considérables. En peu de jours, les terrains de la Calabre ont éprouvé des dérang,ernens comparables à ceux qu'on voit dans les couches des Alpes, et depuis cinq à six mille ans les espèces organiques n'ont pas manifesté de changemens appréciables dans leur forme et dans leurs autres qualités. Je ne prétends pas dire cependant que les ca-

ractères tirés de la disposi tion relative des couches, (mais non pas de la supeiposit;on évidente) de

leur nature, etc., etc., ne doivent pas être employés, même avec confiance, par le géologue pour déterminer différentes époques de for'nation; seuls ou réunis avec ceux qu'on tire de la nature des corps organisés fossiles, ils ont la plus grande valeur; niais je pense seulement, et je crois avoir donné de puissans motifs de cette opinion, que lorsque ces caractères sont en op-.

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position avec ceux qu'on peut tirer de la pré-

sence des corps organisés fossiles, ces derniers doivent avoir la préférence. je ne dissimule pas qu'il faut apporter beaucoup d'attention et de ménagement dans l'emploi qu'on en fait. Je n'ignore pas qu'il faut savoir distinguer 'et évaluer même l'influence des distances horizontales ou des climats sur les différences spécifiques; qu'il faut savoir apprécier les ressemblances apparentes, quelquefois même réelles, que présentent dans des formations évidemment très-distinctes quelques espèces qui ont eu le privilège assez rare de survivre à la destruction de leurs contemporains, et de rester toujours les mêmes au milieu de tous les changemens qui se sont passés autour d'elles; je n'ignore pas qu'il faut savoir aussi reconnaître les individus arrachés à d'autres terrains, et transportés par des causes quelconques dans des terrains plus nouveaux, et les distinguer de ceux qui ont vécu sur des lieux et dans les temps que les espèces auxquelles ils appartiennent doivent caractériser. Je connais toutes les difficultés ; je suis en garde

contre ces causes de déception, qui introduisent dans la géologie d'es incertitudes et des difficul-

tés comme on en rencontre dans toutes les

Sciences, et qui exigent du géologue une attention et un travail suivis, pour choisir avec discernement les espèces dont il doit tirer ses caractères et pour y attacher la vraie valeur qu'ils doivent avoir. J'ai donc examiné avec toute l'attention que les circonstances m'ont permis d'y apporter, l'influence de ces différentes causes dans la struc-