Annales des Mines (1817, série 1, volume 2) [Image 258]

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les plus célèbres, comme MM. Jars et Duhamel y avaient été envoyés en 1756. Avant ce voyage, M. Monnet avait traduit en son entier la Minéralogie de Cronstedt; mais trouvant, à son retour, une autre traduction déjà imprimée, il publia seulement, en 1772, sous le nom d'Exposition des mines, une traduction libre de la partie de Cet ouvrage, qui avait rapport à l'exploitation des minéraux utiles. En 1773, il fit paraître un Traité de l'exploitation des Mines, rédigé en grande partie d'après l'ouvrage publié en 1769 par le conseil des mines de Freyberg , en partie aussi d'après d'autres ouvrages allemands, et enfin en partie d'après les propres observations de l'auteur. Les commissaires de l'Académie des Sciences, nommés, quelques années après, en 1778, pour l'examen de la traduction du Traité de l'exploitation des Mines de Delius, tirent, dans leur rapport sur ce dernier ouvrage, quelques reproches à M.Monnet, d'avoir ainsi mélangé ses idées avec celles des auteurs qu'il traduisait ; mais il n'en est pas moins vrai que le Traité de l'exploitation des Mines, tel que M. Monnet l'a donné au public, a été très-utile, dans notre patrie, aux progrès de l'art dont il offrait le premier ensemble écrit en français. Les travaux de M. Monnet obtinrent la récompense qui leur était due: Il fut nommé, en 1776, inspecteur-général des mines,- avec MM. Jars et Duhamel. Il remplit, en cette qualité, un grand nombre de missions importantes, dans lesquelles il porta aux exploitans français d'utiles conseils et de sages leçons; et chargé spécialement par le Gouvernement de continuer le travail de M. Guettard sur la Minéralogie de la France, il fit, pour cet objet, .de nombreux voyages avec un zèle qui ne s'est jamais ralenti. En 1779, M. Monnet publia un nouveau Système de Minéralogie, .1 vol. in-12; et en 1780 parurent les premières parties de son Atlas minéralogique de la France, formant un vol. in-fol, de texte, avec 45 cartes géographiques; plusieurs autres cartes y ont été ajoutées par lui en 1790. Ces deux ouvrages, et sur-tout le second, renferment une foule de faits curieux et d'observations géologiques très intéressantes encore aujourd'hui, par la précision et l'indépendance de toute idée systématique avec lesquelles elles sont souvent présentées. Le Journal de Physique contient, en outre, un grand nombre de mémoires de M. Monnet, sur différens objets minéralogiques, géologiques, chimiques. et métallurgiques. Enfin, il a publié un Traité de Chimie, un Traité de la dissolution des métaux, qui est encore con-


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sulté avec fruit par les" chimistes, la traduction des Voyages minéralogiques de De Born, et un Mémoire historique sur les mines de France. Ces travaux multipliés sont loin d'être les seuls auxquels il ait consacré sa vie active, et la bibliothèque de l'Ecole royale des Milles renferme de lui vingt volumes manuscrits. M. Monnet peut être regardé comme l'un des hommes qui, avec MM. Jars et Duhamel, ont le plus contribué à répandre en France des connaissances .positives sur l'art des mines, et à faire sentir la nécessité d'appliquer à cet art les principes des sciences exactes et des sciences physiques. M. Monnet réunissait d'ailleurs, à un haut degré, toutes les qualités essentielles qui font l'homme estimable; il y joignait une grande indépendance d'opinions, et une franchise poussée quelquefois jusqu'à la rudesse, qui se faisaient remarquer dans ses manières et dans ses discours, comme on les remarque dans tous ses écrits, et qui ont quelquefois éloigné de lui les hommes dont il aurait eu le plus d'intérêt à se ménager l'affection. Parvenu à un âge très-avancé, M. Monnet ne perdit rien de son activité, ni de l'espèce d'originalité de ses manieres. Conservé, en 1794,comme inspecteur, dans la réorganisation du corps des mines, il s'occupait incessamment à rédiger ses observations multipliées, et il apportait fréquemment aux conférences, des mémoires sur ses voyages.

 Constamment et entièrement livré à ses travaux, M. Monnet avait toujours été trop peu occupé de ses intérêts privés. La pension dont il jouissait, comme inspecteur vétéran des mines, était presque, dans ses dernières années, son seul moyen d'existence. Il est mort, à Paris, le 25 mai 1817.


Michel-François CALMELET, fils d'un ancien magistrat, était né à Langres, en 1782. Son enfance et sa première jeunesse furent marquées par tous les caractères qui annoncent un homme distingué, et il obtint, au collége de Langres, des premiers prix dans toutes ses classes. Il entra, en 1798 à l'école polytechnique, et en 1800 il fut reçu élève des mines. Envoyé en 1802 à l'école pratique de Pesey, il s'y fit remarquer principalement par ses progrès en métallurgie, et l'administration publia, en 1804, dans le Journal des Mines, un, mémoire de lui, aussi ingénieusement pensé que bien écrit, intitulé : Considérations sur quelques points de théorie métallurgique:. Nommé ingénieur des mines en i8o5, il fut chargé, en 18o7, de l'inspection des départemens de la Sarre, du Mont-Tonnerre