Annales des Mines (1894, série 9, volume 3, partie administrative) [Image 309]

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STATISTIQUE DE L'INDUSTRIE MINÉRALE

La disposition des courbes permet de voir, d'un seul coup d'œil, 1' essor de la production et celui de la consommation de la houille brusquement arrêtés en 1848 et en 1870-1871, dans descirconstances politiques mémorables, stationnant vers 1830, vers •1840, de 1857 à 1859, de 1875 à 1879, rétrogradant en 1884 et pendant les deux années suivantes, subissant un nouveau temps d'arrêt depuis 1890. Après chaque période mauvaise, le mouvement ascendant recommence avec plus ou moins de vigueur. L'industrie sidérurgique participe à toutes ces fluctuations; sa progression se ralentit, s'annule ou s'accélère dans des conditions comparables aux précédentes. Les prix de vente des houilles, des fontes, fers et aciers, sans affecter une allure identique, subissent, de leur côté, les mêmes influences, dans un sens ou dans l'autre, à des degrés divers. L'activité du marché, celle de la concurrence, intérieure et extérieure, le taux des salaires, le coût des matières premières et les autres facteurs du prix de revient les régissent. Les appareils à vapeur se sont multipliés d'une façon qui concorde avec la consommation du charbon, mais avec moins de soubresauts. Leur puissance, en particulier celle des locomotives et celle des bateaux naviguant sur mer, s'accroît rapidement. A considérer l'ensemble, on constate que, dans la seconde moitié de ce siècle, presque toutes les branches de travail auxquelles cette statistique s'applique ont reçu une extension considérable. Il s'est produit aussi des transformations ou, tout au moins, des modifications profondes. Telles sont, pour n'en citer que quelques-unes, la part prépondérante prise par le Pas-de-Calais dans notre production de houille, et par le département de Meurthe-et-Moselle dans celle des minerais de fer, du sel gemme, des fontes et des lingots d'acier; d'une façon générale, la substitution de la fonte au coke à la fonte au charbon de bois, celle des rails en acier aux rails en fer. Il faut encore signaler la diminution, assez faible d'ailleurs, du prix des combustibles minéraux sur les lieux de consommation et leur augmentation graduelle sur le carreau des houillères, au fur et à mesure du relèvement des salaires, la grande dépréciation des principaux produits des usines métallurgiques, l'énorme augmentation du nombre des mineurs, enfin la diminution sensible des risques d'accident dans les mines. Une foule d'autres points seraient susceptibles d'attirer l'atten-

ET DES APPAREILS A VAPEUR.

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don; mais on doit se borner ici à des constatations que les diagrammes mettent en pleine lumière. Le rapide développement de nos houillères et de nos établissements métallurgiques, depuis une cinquantaine d'années, a été favorisé par la diffusion des machines actionnées par des chaudières dans les manufactures et les établissements de toute sorte, par la navigation à vapeur, par la construction et l'exploitation des chemins de fer, par le chauffage au combustible minéral, par l'éclairage au gaz, et, plus tard, par la production •mécanique de l'électricité, par l'emploi de la fonte, du fer et de l'acier à la place du bois et de la pierre, sans parler de la transformation et de l'accroissement de notre matériel de guerre et de notre flotte. Si, au point de vue de l'industrie minérale, ce siècle est, pour quelques pays lointains, celui de l'or et de l'argent, pour nous c'est plutôt le siècle de la houille et de l'acier. Nos importantes richesses minérales ont facilité les progrès qu'on vient d'énumérer. La statistique permet de constater non seulement l'existence de ces richesses, mais leur répartition, leur valeur, leur utilisalion en quantités toujours croissantes. L'examen du passé fournit d'heureux présages pour l'avenir. La commission a l'honneur de vous proposer, monsieur le Ministre, d'autoriser dans les conditions habituelles la publication du volume de la Statistique de l'industrie minérale et des appareils à vapeur pour 1893 et de l'album graphique qui y est annexé. Elle vous prie d'agréer, monsieur le Ministre, l'assurance de ses sentiments les plus dévoués et les plus respectueux. Paris, le 20 décembre 1894. L'Inspecteur général des mines, L'Inspecteur général des mines. Secrétaire de la Commission, O.

KELLER.

Président de la Commission,

E.

LoniEUX.