Annales des Mines (1888, série 8, volume 7, partie administrative) [Image 168]

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Livry par la commission des substances explosives, à laquelle ont été adjoints à cet effet trois des membres de notre commission. Ces expériences peuvent être aujourd'hui considérées comme terminées. Dans ses séances des 5 juillet et 8 novembre 1888, la commission des substances explosives a approuvé les rapports qui ont été rédigés par M. l'inspecteur général des mines Mallard, au nom de la sous-commission constituée sous sa présidence pour poursuivre ses recherches. Saisie à son tour de ces rapports, qui sont en votre possession depuis quelque temps, la commission que je préside, et qui n'a jamais cessé de se tenir pas à pas au courant des progrès de la question, a dû se préoccuper des propositions qu'elle avait maintenant à vous soumettre. Mais, avant de vous les indiquer, et pour les justifier, je vous demande la permission de rappeler, en les résumant, les renseignements qui découlent, au point de vue de la pratique, des savants travaux dans lesquels M. l'inspecteur général Mallard a consigné les résultats de ses recherches. On a d'abord établi encore une fois le danger résultant de l'emploi de la poudre noire dans les milieux grisouteux; ce danger subsiste même en recourant aux cartouches à eau les plus perfectionnées. Il existe non seulement pour la poudre de mine dans sa composition actuelle, mais pour toute poudre nitratée, de composition plus ou moins différente, qui ne constituerait pas un explosif détonant. Parmi ces derniers, il faut parler en premier lieu de ceux qui sont encore seuls aujourd'hui à la disposition de l'industrie française, c'est-à-dire des diverses dynamites. Bien que ces explosifs soient tous susceptibles d'enflammer le grisou à l'air libre, ils sont dans les milieux grisouteux d'un emploi incomparablement plus sûr que la poudre noire. Les expériences de Sevran-Livry ont établi, conformément aux vues théoriques présentées par MM. Mallard et Le Châtelier, que si l'on fait détoner ces explosifs en les obligeant à accomplir un travail dynamique suffisant, ils n'enflamment pas un milieu grisouteux. Mais, pour obtenir sûrement ce résultat, il faut cme l'explosif détone dans certaines conditions de tassage et de bourrage suffisants, conditions dont on ne peut jamais être certain a priori. Il en résulte que l'emploi de ces explosifs, bien qu'offrant une sécurité relative, dont l'emploi de la poudre noire est totalement dénué, ne peut être réputé donner une sécurité complète. Parmi les diverses dynamites, il y a lieu d'ailleurs de faire des distinctions. La dynamite-gomme est notamment plus dange-

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reuse que la dynamite ordinaire à la silice, parce que sa température de détonation est beaucoup plus élevée que celle de cette dernière. Les différences que peuvent présenter les diverses dynamites donnent donc encore plus d'intérêt au choix que doivent faire les exploitants parmi celles qui sont dans le commerce. Lorsque de pareils produits ne sont pas monopolisés par l'État, qui peut alors en quelque sorte en garantir la bonne composition, il est utile que la concurrence donne à l'industrie des moyens de bon approvisionnement. Les vues théoriques de MM. Mallard et Le Châtelier n'ont pas seulement permis d'expliquer rationnellement les faits observés lors de l'explosion des dynamites dans les milieux grisouteux : elles ont conduit à détermiuer la composition que devrait avoir un explosif détonant pour présenter le maximum de sécurité auquel on peut espérer atteindre. On peut obtenir ce résultat avec des mélanges binaires formes par des proportions d'azotate d'ammoniaque soit avec d'autres explosifs, comme la dynamite, détonant à haute température, mais donnant des produits incombustibles, soit avec une substance combustible par elle-même, ou donnant en détonant des produits combustibtes comme l'azotate cupro-ammonique, la naphtaline, la mononitronaphtaline, la binitrobenzine, le coton octonitrique. Ces mélanges, avec leurs dosages particuliers, constitueraient des explosifs nouveaux présentant dans la pratique les plus sérieuses garanties de sécurité, dont la commission des substances explosives sera ainsi parvenue à doter l'industrie des mines. Il peut ne pas être sans intérêt de faire remarquer que les mélanges de la première catégorie sont essentiellement différents des explosifs connus et vendus aujourd'hui, sous le nom de dynamites à l'ammoniaque. Ces dynamites sont, en effet, caractérisées par l'addition à l'azotate d'ammoniaque d'une substance charbonneuse qui a pour effet d'augmenter la force explosive du mélange formé par la seule addition de l'azotate d'ammoniaque à la dynamite ; dans les nouveaux explosifs, au contraire, le nitrate d'ammoniaque employé seul a pour effet d'abaisser suffisamment la température de détonation pour que, même lorsqu'elle a lieu à l'air libre, cette détonation ne puisse enflammer qu'exceptionnellement les milieux grisouteux les plus dangereux. Encore plus que pour les dynamites, il sera essentiel pour ces nouveaux explosifs que les exploitants puissent être assurés de