Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 76]

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COMMISSION DU GRISOU.

Le point de départ de nos travaux a été marqué par un rapport très étendu de M. l'ingénieur en chef des mines lla.ton de la Goupillière, que la commission avait chargé de lui présenter un tableau d'ensemble des connaissances acquises sur le grisou. Le même rapporteur a repris son œuvre deux années plus tard pour la compléter à l'aide de l'abondante moisson de faits recueillis, soit dans les enquêtes auxquelles la commission s'est livrée, soit dans les séries d'expériences qu'elle a instituées et poursuivies. Le second rapport de M. Haton de la Goupillière (*), dont l'exposition est remarquablement concise et claire, de même que le premier, a été apprécié à l'étranger comme il l'est parmi nous. On les trouve insérés in extenso dans les principaux recueils techniques de la Belgique, de la Prusse, de l'Autriche,, et, par extraits, dans ceux de l'Angleterre. Une centaine d'inventions de toutes sortes, dont quelques-unes se prétendaient infaillibles ont été soumises à notre examen, soit par l'administration centrale, soit directement par leurs auteurs. Chacune d'elles a fait l'objet d'un examen attentif, et plusieurs d'entre elles ont motivé des études spéciales et de longues discussions. Un bien petit nombre a résisté au contrôle de cette épreuve, ainsi qu'on peut le voir dans les rapports imprimés par extraits qui concernent toutes ces inventions. Les travaux personnels des membres de la commission forment un ensemble considérable. Les recherches expérimentales de MM. Mallard et Le Chatelier, membres du corps des mines, sur la température d'inflammation du grisou, sur la vitesse avec laquelle se propage l'inflammation, sur la température do combustion, sur le rôle attribué aux poussières charbonneuses dans les accidents de grisou et sur d'autres sujets jusqu'alors peu connus, méritent une mention toute spéciale pour leur intérêt scientifique. Ils sont imprimés dans les « Pièces annexes ». Plusieurs résultats obtenus par ces savants ingénieurs paraissent destinés à être mis à profit dans la pratique de l'exploitation des mines; car personne n'ignore à combien d'applications des découvertes purement théoriques ont déjà conduit. D'ailleurs la commission, loin de s'en tenir à ses propres lumières, a tenu à puiser largement à toutes les sources d'information. Tous les règlements des mines à grisou de la France et de l'étranger qu'il a été possible de se procurer ont été mis-à eontri(*) a" volume de 1880, (partie technique), p. 193.

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bution. Ils ont fourni la matière d'un travail très judicieux de coordination et de discussion dû à M. l'inspecteur général des mines du Souich, vice-président du conseil général des mines, intitulé : « Rapport sur la réglementation des mines a grisou (*). » La commission s'en est servi pour préparer un document auquel elle a apporté tous ses soins, sous le titre de : « Principes à consulter dans l'exploitation des mines à grisou. » Dans ces instructions, elle a classé méthodiquement, sous forme de préceptes simples et nets, accompagnés de notes explicatives, tous les conseils utiles et vraiment pratiques que, dans l'état actuel de nos connaissances, il lui a paru possible d'adresser aux exploitants. 11 n'est pas douteux que ce manuel, sans être impératif, attentivement étudié et appliqué, ne contribue à diminuer beaucoup le nombre et l'importance des catastrophes. Pour une œuvre aussi délicate, la commission a tenu à réunir toutes les garanties, notamment celle du contrôle et de la controverse techniques. Pour cela, une édition provisoire des « Principes à consulter » avait été adressée aux ingénieurs, aux savants, aux exploitants qu'elle pouvait intéresser, avec une circulaire destinée à provoquer leurs observations. Un assez grand nombre d'entre eux a été appelé à déposer dans le sein de la commission. D'autres ont envoyé des réponses écrites, dont plusieurs ont une haute valeur. Tous ces documents ont été revus et discutés dans de nombreuses séances. Toutefois, avant d'arrêter une rédaction définitive des Principes à consulter, la commission a voulu aussi utiliser d'autres renseignements pris à l'étranger. Visiter les principales mines à grisou de la Belgique, de l'Angleterre et de l'Allemagne, pour y observer, d'une part, les mesures techniques de précaution qui y sont prises; d'autre part, pour y constater la manière dont sont appliqués les règlements spéciaux afférents à ces mines : tel est le programme de la mission que nous avons confiée à deux ingénieurs, MM. Pernolet et Aguillon. Le rapport de ces ingénieurs forme trois volumes, relatifs aux trois pays visités. Publiés par la commission, ils ont été mis à profit dans ses discussions intérieures, et on peut prévoir que tous les exploitants de mines y trouveront des documents utiles. Il convenait aussi, pour combattre le grisou, de consulter les funèbres annales des ravages passés pour les houillères de la France. Une statistique méthodique, aussi utile que patiente, a été (*) Volume de 188r., p. 1S1.