Annales des Mines (1881, série 7, volume 10, partie administrative) [Image 123]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

2

44

COMMISSION

DU

GRISOU.

et à l'intérieur des travaux ; certaines observations psychrométriques en vue des dangers des poussières charbonneuses, avec les arrosages périodiques ou autres mesures du même genre destinées à combattre ce danger, sans préjudice des vérifications spécialesà faire et des dispositions à prendre au besoin lors de l'emploi de la poudre ou de la dynamite, suivant ce qui a été expliqué précédemment (*). Dans ce chapitre de l'aérage et de la surveillance générale de la mine, au point de vue du grisou, doivent encore figurer les prescriptions et instructions relatives à la visite ordinaire des divers ouvrages souterrains avant l'entrée des ouvriers et pendant la durée du travail ; à la désignation des quartiers dangereux ou comportant des mesures spéciales; à celles des stations de rallumage des lampes de sûreté; au service des portes d'aérage, etc., comme aussi les différentes prohibitions, telles que celle d'entrer dans les quartiers désignéscomme quartiers à grisou avec d'autres lampes que les lampes de sûreté expressément admises ; de porter dans la mine des allumettes, des pipes, du tabac, des clefs ou autres instruments pouvant servir à ouvrir les lampes, etc. Toutes les mesures destinées à prévenir les accidents se trouveront naturellement réparties dans ces trois chapitres : Aérage el surveillance générale de la mine, Éclairage, Emploi de la poudre ou autres composés explosifs. Mais il faut encore prévoir, comme l'a expressément recommandé avec toute raison l'instruction de 1872, les mesures à prendre pour les sauvetages. Quelles que soient, en effet, les dispositions adoptées, on ne le sait que trop, des accidents peuvent se produire par suite d'infraction aux prescriptions établies, de négligences, d'imprudences et même par des causes fortuites. Il faut que des secours puissent être immédiatement portés aux victimes, et que l'on prévienne les nouveaux accidents qui peuvent être la conséquence d'une explosion. L'aérage doit être rétabli aussitôt que possible, et des instructions précises doivent indiquer au personnel les mesures à prendre à cet effet ; mais ces mesures demandent un certain temps et il faut arriversans délai auprès des ouvriers blessés ou asphyxiés, et de ceux qui sont exposés à l'asphyxie; il faut pouvoir pénétrer dans des milieux irrespirables, même pour rétablir l'aérage et re(*) Nous avons vu dans les différents règlements cités des exemples des observations de température et de pression; aucun, au contraire, jusqu'à présent, ne mentionne des observations hygrométriques, bien qu'il en ait été fait en Angleterre par M. Galloway, à la suite d'accidents, pour rechercher le rôle qu'avaient pu jouer les poussières charbonneuses.

COMMISSION

DU GRISOU.

45

2

médieraux accidents matériels. A cet effet, l'instruction de 1872, comme celle de 1824, a recommandé aux exploitants d'avoir sur la mine des appareils respiratoires de sauvetage tenus constamment prêts à fonctionner. Mais nous avons pu remarquer que les règlements étrangers sont tous muets sur les sauvetages, et qu'en France, le règlement de Blanzy, seul, contient une disposition spéciale à ce point de vue. Cette disposition, portée à l'article i3 (chapitre de l'aérage), se borne à prescrire que chaque mine à grisou soit pourvue de deux appareils respiratoires de sauvetage, et que des ouvriers de bonne volonté soient exercés à s'en servir (*). Aussi l'administratiun a-t-elle eu à adresser à certains exploitants des recommandations particulières (nous en avons cité un exemple). Beaucoup de mines possèdent aujourd'hui des appareils de sauvetage plus ou moins complets. Il est nécessaire que les règlements ou ordres de services intérieurs contiennent toujours des dispositions détaillées au sujet de ces appareils : des instructions pour leur emploi dans les accidents, pour leur entretien de manière qu'ils soient tenus toujours prêts à fonctionner, enfin pour les exercices périodiques destinés à habituer les ouvriers à s'en servir (**). (*) Il existe aussi à Commentry, sous le titre : « Travail dans les gaz », une instruction ou ordre de service pour l'emploi des appareils respiratoires du système Fayol-Denayrouse, comprenant le tube simple, qui puise librement l'air pur dans l'atmosphère de la mine à une faible dislance du point méphitisé, le réservoir portatif et le tube à courant d'air forcé, fourni par une pompe; cette instruction, dont la dernière rédaction ne date, du reste, que de février 1879. n'a pas été citée précédemment parce qu'elle ne se rapporte pas à uno raine à grisou. Elle a pour objet les travaux destinés à combattre les incendies spontanés, les travaux d'établissement do barrages, et l'application des appareils dont il s'agit a été précieuse dans plus d'un accident de ce genre. On peut cilor deux incendies récents, qui menaçaient de prendre de vastes proportions, arrêtés avec le plus grand succès. Il est évident que cette application particulière présente une véritable analogie avec celle qui serait faite au sauvetage après une explosion de grisou. Il y a aussi à pénétrer dans des milieux irrespirables pour rechercher des blessés ou des asphyxiés, pour rétablir des barrages, rouvrir des communications, etc. De plus, des coups de grisou peuvent allumer des incendies souterrains auxquels il faut remédier immédiatement, comme aux incendies spontanés, et ces derniers, de leur côté, sont susceptibles de donner lieu à des explosions de gaz, même dans une mine dépourvue de grisou; des précautions spéciales doivent être prises dans la fermeture des barrages, pour prévenir les explosions que peuvent produire les gaz résultant de la distillation de la bouille, la mine do Commentry peut être titéo à ce sujet. (**) L'instruction de Commentry distinguo l'application des divers appareils. Le tube simple est indiqué pour de très petites dislances : 5o à 100 mètres au plus, et lorsqu'on n'a pas besoin de lumière avec soi. DÉCRETS, 1831. 17