Annales des Mines (1867, série 6, volume 6, partie administrative) [Image 9]

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LOIS, DÉCRETS ET ARRÊTÉS

la maladie et la transmettre. Quant aux autres restrictions, on pouvait sans inconvénient les abandonner. On n'avait non plus constaté dans les pays frappés par l'épizootie aucun fait de nature à faire croire, comme on l'avait d'abord supposé, qu'elle pût se répandre soit au moyen des viandes abattues, soit à l'aide des dépouilles des animaux, telles que les cuirs, les peaux, les cornes et même les laines en suint. Pour les viandes abattues en particulier, on avait l'exemple de ce qui se pratique en Angleterre, où l'on reçoit journellement dans les ports des bestiaux de la Hollande qui y sont abattus avant d'être introduits dans le pays, sans qu'il en résulte d'altération dans l'état sanitaire du bétail des contrées environnantes, et il y a assurément un intérêt très-réel à ce que nos populations de la frontière du nord puissent s'approvisionner de viandes abattues tirées de la Belgique et de la province de Luxembourg. En ce qui touche les cuirs frais, si ou pouvait alléguer que leur innocuité tient à ce que, habituellement, avant d'être expédiés, ils sont salés ou soumis à quelque préparation désinfectante, il suffisait dès lors de subordonner leur admission à cette précaution pour écarter tout danger. En résumé, la maladie était complètement éteinte en Ecosse et en friande ; elle décroissait rapidement en Angleterre ; en Belgique elle devenait de plus en plus rare, tout en se montrant encore çà et là par quelques cas isolés qui reparaissaient de temps en temps sur un point ou un autre ; en Hollande seulement elle venait de se signaler de nouveau par une sérieuse recrudescence, qui, depuis, s'est soutenue et aggravée; il restait donc dans cette direction un certain danger contre lequel il était imprudent de désarmer entièrement. Quant aux autres pays de notre voisinage où le bétail était demeuré pur de toute infection, on ne voyait plus de raison de maintenir leurs provenances dans un état de suspicion qui, sans mettre obstacle aux opérations de commerce, ne laissait pas cependant que de les entraver. C'est alors que fut pris un arrêté ministériel du 2 octobre 1S66 qui, rapportant toutes les mesures restrictives ordonnées par les arrêtés des 6 septembre et 5 décembre i865, ne laissait subsister que la prohibition des animaux ruminants provenant de la GrandeBretagne, des Pays-Bas et de la Belgique, et n'admettait les cuirs frais importés des mêmes pays que s'ils avaient un salage suffisant ou toute autre préparation désinfectante.

SUR LES MINES.

Mais à peine cet arrêté venait-il d'être publié et notifié pour être mis à exécution, que se répandit la nouvelle de l'irruption du typhus en Suisse, dans les cantons des Grisons et de Saint-Gall. Aussitôt, comme, dans ces conditions, le typhus pouvait se répandre et arriver jusqu'à nous par la Suisse et les pays allemands, les mesures restrictives, qui venaient d'être considérablement adoucies, furent rétablies dans toute la rigueur déterminée par l'arrêté ministériel du 6 septembre 1865, sur toute la ligne de nos frontières du nord et de l'est, depuis le département de la Moselle, jusques et y compris celui de la Savoie, et M. Bouley, inspecteur général des Ecoles impériales vétérinaires, fut immédiatement envoyé en Suisse pour s'assurer de l'état des choses sur les lieux mêmes et reconnaître comment l'invasion avait pu se produire. On trouve ici un nouvel exemple des effets, si souvent démontrés par l'expérience, de l'état de guerre dans le nord de l'Europe pour la propagation du typhus. Il paraît que la maladie s'est introduite dans les cantons des Grisons et de Saint-Gall par le Vorarlberg, et qu'elle y a été apportée par des animaux achetés sur le marché de Vienne, dans un nombreux troupeau d'approvisionnement que le Gouvernement autrichien faisait vendre après la terminaison des hostilités dont l'Allemagne venait d'être le théâtre. De là elle se répandit dans plusieurs localités des Grisons et de Saint-Gall.et y fit un certain nombre de victimes. Mais, attaquée et poursuivie avec vigueur sur tous les points où elle se montrait par les autorités des contrées envahies, et rigoureusement renfermée dans ses foyers d'infection par les cantons environnants, elle cessa promptement ses ravages, et depuis longtemps aucune nouvelle apparition ne nous en a été signalée. Cependant il ne paraît pas que la situation soit partout aussi favorable. En ce moment le typhus existe dans plusieurs parties allemandes de l'Autriche, et il sévit également dans ses possessions de Hongrie, de Gallicie, de Bohême, jusque sur l'extrême frontière de la Saxe, où un cas en a déjà été constaté. En Hollande il fait de nouveaux progrès, et, limité jusqu'ici aux provinces de la Hollande septentrionale, de la Hollande méridionale et à celle d'Utrecht, il vient de pénétrer dans la Gueldre. Il aurait paru aussi dans le Limbourg hollandais à proximité du Limbourg belge. En Belgique, il continue ses manifestations intermittentes, principalement dans la province d'Anvers. Enfin une communication récente en a annoncé un cas dans une étable du district prussien de Clèves, au voisinage de la frontière hollandaise.