Annales des Mines (1867, série 6, volume 6, partie administrative) [Image 5]

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LOIS,

DÉCRETS

ET

ARRÊTÉS

eu à souffrir de circonstances atmosphériques défavorables, et elles ont éprouvé surtout l'influence fâcheuse des pluies abondantes qui ont commencé dès les premiers jours du mois de juillet et ont continué presque sans interruption jusqu'à la fin de septembre. Aussi la production des céréales, et particulièrement celle du froment, la plus importante de toutes en France, est-elle restée sensiblement au-dessous de ce qu'elle est dans les années ordinaires. Comparativement au produit d'une année moyenne, cette récolte présente un déficit qui, pour l'ensemble de la France, peut être évalué à 17 ou 18 p. 100 environ. Mais le produit en froment d'une année moyenne étant supérieur dans une certaine mesure aux besoins de la consommation, il s'en faudrait seulement de 10 à 12 p. 100 que les quantités de froment récolté en 1866 pussent suffire, jusqu'à la récolte suivante, à l'alimentation du pays, s'il était réduit à cette seule ressource. 11 est loin, du reste, d'en être ainsi, car, si la récolte de 1865 n'avait donné qu'une moyenne ordinaire, elle avait été précédée de deux années exceptionnelles dont les reliquats n'ont certainement pas pu être absorbés en entier, ni par l'exportation, ni par une consommation plus considérable. Quoi qu'il en soit, il a suffi que l'on conçût des inquiétudes sur les résultats de la récolte pour que la hausse se produisît dans l'e cours des grains, et, à mesure que ces inquiétudes se trouvaient confirmées, le mouvement ascensionnel des prix s'accentuait de plus en plus. Le prix de l'hectolitre de blé pour l'ensemble de la France s'était maintenu, du mois de janvier au mois d'avril 1866, entre 16 et 17 francs; au mois de mai, il était encore en moyenne à un peu moins de 17 francs. En juin, sur les marchés qui servaient autrefois de régulateurs aux tarifs de l'échelle mobile, ce prix s'est élevé à i8',25, à 2o',2o en juillet; ai'.io, en août; 22f,o5 en septembre; 23f,37 en octobre. Le prix est ensuite resté stationnaire pendant le mois de novembre, mais en décembre le mouvement de hausse a repris, et le cours du froment sur les marchés régulateurs est monté à aû'^o. A la fin de décembre, les prix étaient cotés sur les principaux marchés de l'Empire entre un minimum de 22 à 23 francs, et un maximum de 28 à 29 francs l'hectolitre. La moyenne était d'environ 25 francs. C'est une hausse de 8 à 9 francs par hectolitre sur les prix qui se payaient il y a un an. Ce fait démontre suffisamment qu'il n'était pas juste d'imputer à la législation établie depuis 1861 la baisse qui s'était produite sur les cours des grains. Ceux qui prétendaient que ces cours ne

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pourraient plus se relever, en présence de la concurrence que les céréales étrangères faisaient ou pouvaient venir faire aux produits de notre sol, doivent reconnaître aujourd'hui que leurs craintes étaient mal fondées. La suppression de l'échelle mobile a été un bienfait pour l'agriculture comme pour le commerce et les consommateurs. Le Gouvernement appréciait bien la situation, lorsqu'il répondait aux plaintes qui se sont produites, que la diminution survenue dans le prix des céréales, en i865 et au commencement de 1866, ne pouvait être attribuée qu'à la surabondance des ressources provenant de deux récoltes très-productives ; que le dommage qui en résultait pour l'agriculture était passager comme les causes qui l'avaient produit, et qu'il suffirait que les circonstances se modifiassent pour que les prix en subissent trèspromptement l'influence. Ce qui s'est passé dans le cours de l'année 1866 n'a pas tardé à justifier ces prévisions, et on a pu avoir la preuve évidente que, pour un pays comme la France, qui, en temps ordinaire, n'est pas tributaire de l'étranger pour ses approvisionnements en céréales, les causes qui agissent sur le prix des grains sont avant tout l'abondance ou l'insuffisance des récoltes à l'intérieur. Ce sont ces causes seules qui peuvent produire la hausse et la baisse, et les variations de prix, loin d'être la conséquence des mouvements de notre commerce des grains avec l'étranger, en sont au contraire le régulateur..C'est ce qui résulte aussi de la manière la plus claire des faits constatés dans le courant de l'année 1866, en ce qui concerne l'importation et l'exportation des céréales. L'exportation des grains et farines qui, sous l'influence des bas prix, avait acquis un grand développement en i865, avait continué à se faire dans des proportions considérables pendant les six premiers mois de 1866; elle atteignit à la fin de juin le chiffre de 1.936.210 quintaux métriques pour le froment en grains, et celui de 1.861.268 quintaux pour la farine de froment, soit par mois une moyenne de 322.700 quintaux de froment en grains, et de 280.211 quintaux de farine. En juillet elle atteignait encore 221.558 quintaux de grains et 109.888 quintaux de farine; mais pour les quatre mois suivants, elle n'a plus été en moyenne par mois que de A9.784 quintaux de grains et de Ù2.609 quintaux de farine. Pour l'importation, le fait inverse s'est produit. Les six premiers mois de 1866 n'ont fourni par mois qu'une importation moyenne de 6.600 quintaux de froment en grains, et de 7 à 800 quintaux de farine. En août l'importation s'est élevée pour le froment en