Annales des Mines (1860, série 5, volume 9, partie administrative) [Image 24]

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LOIS,

DÉCRETS ET

ARRÊTÉS

Sur soixante-deux bassins différents de combustible minéral que la France possède, plus de la moitié ne peuvent prétendre, ainsi que je l'ai dit plus haut, à exporter au loin leurs produits, soit à raison de leur peu d'étendue, soit à raison de l'élévation des prix de revient: pour ces bassins, de bonnes routes de terre ou des chemins de fer à bon marché, qui les rapprochent des points de consommation, doivent suffire à leur assurer toutes les améliorations dont ils ont besoin ; leur vie doit être toute locale, elle n'intéresse à aucun degré le développement de la grande industrie, et je n'aurai point par là même à en entretenir Votre Majesté dans le présent Rapport. Votre Majesté peut d'ailleurs être assurée que les intérêts de ces bassins ne seront pas perdus de vue : dès que l'utilité de nouveaux chemins locaux à ouvrir pour faciliter l'exportation de leurs produits me sera signalée par les ingénieurs, je ne manquerai pas à mon tour de les recommander à l'attention de M. le ministre de l'intérieur, qui avisera aux moyens d'en hâter l'exécution, et ainsi, sur tous les points du territoire, les vues bienveillantes de Votre Majesté pour le développement de l'industrie houillère, à tous les degrés, recevront la réalisation la plus prompte possible. Parmi les autres bassins, quelques-uns doivent être placés au premier rang, soit par le nombre, l'étendue et la puissance des couches qu'ils renferment, soit par la qualité de leurs produits : ce sont, en premier lieu, le bassin de la Loire, puis celui de Valenciennes (Nord et Pas-de-Calais), et après eux les bassins d'Alais (Gard), de Blanzy (Saône-et-Loire), de Commentry (Allier; et d'Aubin (Aveyron). Sur une production totale, en 1857, de 79.000.000 quintaux métriques, le bassin de la Loire avait fourni 22.Z126.000 q. m., celui de Valenciennes 19.600.000 q. m., celui d'Alais 7.5/10.000 q. m., de Blanzy 5.806.000 q. m., de Commentry 4.845.000 q. m. et d'Aubin 4.655.000 q. m. Onze autres bassins, qui produisent chacun moins de 2.000.000 quintaux métriques, et dont le dernier n'en produit même qu'un peu plus de 4oo.ooo, envoient néanmoins une partie de leurs charbons au dehors ; il est intéressant dès lors de constater les débouchés qui leur sont déjà ouverts et ceux qu'ils réclament encore. J'aurai par là même à en parler ici avec quelques détails: ce sont les bassins d'Épinac (Saône-etLoire), d'Aix (Bouches-du-lilione), de Carmeaux (Tarn), de

SUR

LES

MINES.

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Brassac (Haute-Loire et Puy-de-Dôme), du Maine, de la basse Loire, de Decize (Nièvre), de Graissessac (Hérault), de Ronchamp (Haute-Saône), de Vouvant et Chatonney (Vendée) et de Saint-Éloi (Puy-de-Dôme). Enfin, parmi les bassins qui n'ont jusqu'ici qu'une importance purement locale, il y en a deux : ceux d'Ahun (Creuse) et de la Sarre (Moselle), qui paraissent appelés à prendre un développement considérable dès que des débouchés leur seront offerts, et je devrai par là même les comprendre dans cet exposé. J'entre maintenant, pour chacun des dix-neuf bassins que je viens de désigner, dans les détails propres à en faire apprécier la situation. Le bassin de la Loire a, ainsi que je l'ai dit déjà, produit en 1857 22 millions 1/2 de quintaux métriques, qui se sont répartis entre plus de la moitié des départements de l'empire ; voici par quelles voies ils se sont écoulés: Je citerai en premier lieu les routes de terre qui environnent Saint-Étienne, et spécialement celle de Saint-Étienne à Lyon, qui traverse le bassin sur toute son étendue ; vient ensuite le canal de Givors, dont l'établissement a été autorisé dès l'année 1761 par un arrêt du conseil. A cette époque on avait en vue l'exécution d'un canal de jonction du Rhône à la Loire. La première partie de ce canal, celle de Givors à Rive-de-Gier, fut seule exécutée ; plus tard et en vertu d'une ordonnance du 5 décembre i85i, le canal fut prolongé jusqu'à la Grand'Croix, centre important d'exploitations. Mais les routes de terre et le canal de Givors ne donnaient qu'une satisfaction bien incomplète aux besoins du riche bassin de la Loire; aussi, dès l'année 1820, lorsque le système des voies ferrées commençait à peine encore à être connu, une compagnie sollicita et obtint la concession du premier chemin de fer qui fut construit en France, d'un chemin de dix-huit kilomètres de longueur, qui devait, en reliant Saint-Étienne à la Loire, près d'Andrézieux, ouvrir un débouché vers Paris aux houilles du bassin de Saint-Étienne. Trois ans plus tard, en 1826, fut autorisé le chemin de SaintÉtienne à Lyon; en 1828, celui d'Andrézieux à Roanne, qui devait soustraire le transport des houilles aux dangers et aux obstacles de la navigation dans cette partie de la Loire. Depuis lors, et par suite de changements successifs qui se sont opérés sous le règne de Votre Majesté, les chemins de fer