Annales des Mines (1853, série 5, volume 2, partie administrative) [Image 54]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. EBELMEN.

pas encore connu à l'état de pureté, mais qui serait le type des pyroxènes, des bronzites, des diallages. Il essaye le bisilicate , et trouve impossible de le produire dans les mêmes conditions ; il n'obtient qu'un mélange de péridot et de bisilicate de magnésie. Il expérimente les silicates de zinc et commence sur ce sujet un travail resté inachevé. M. Gaudin avait obtenu, à l'aide du chalumeau à gaz, l'alumine fondue et cristallisée ayant la dureté du corindon naturel, mais sans transparence. Ebelmen obtient, par la dissolution dans le borax, l'alumine cristallisée en rhomboèdres transparents et très-nets, et, en même temps, par la même opération, l'alumine boratée à trois équivalents d'alumine pour un équivalent d'acide borique. Par l'addition de la silice dans le mélange, il augmente, la fixité du dissolvant et produit de larges cristaux d'alumine qui présentent exactement la même forme que le fer oligiste des volcans. Il arrive au même résultat par la substitution à la silice du carbonate de baryte, du carbonate de soude, de la chaux, de Toxyde de manganèse, de l'oxyde de cérium. L'emploi du manganèse le conduit à observer ce fait, d'une haute importance minéralogique, que des corps, tout à fait étrangers à l'espèce chimique qui cristallise, peuvent cependant se mélanger en forte proportion avec elle sans en changer la forme, mais en modifiant seulement la couleur et l'aspect extérieur des cristaux. L'alumine, en cristallisant au milieu du borate de manganèse, se laisse en effet imprégner par ce dernier corps, que les acides peuvent enlever, sans que la forme des cristaux soit altérée, et sans qu'ils se désagrègent. C'est donc un simple mélange comparable à ceux que Haùy a tant de fois cités comme exemple , et par là, Ebelmen nous enseigne avec quelle réserve on doit discuter le résultat des analyses des minéraux, même cristallisés , quand il s'agit de déterminer leur formule véritable ; combien il est probable qu'un grand nombre d'entre eux contiennent en mélange des matières tout à fait étrangères à la substance même des cristaux, de sorte qu'on est exposé à faire entrer dans le calcul de leur formule chimique des éléments qui ne lui appartiennent pas, faute d'en connaître le véritable rôle. L'ensemble des faits qu'Ebelmen a reconnus dans la cris-

tallisation des alumines et des aluminates se résume en trois grandes divisions. Si le borate métallique est volatil, l'alumine cristallisera soit à l'état d'alumine boratée, soit à l'état de pureté; — s'il est fixe, et si l'affinité de l'alumine pour la base n'est pas assez puissante pour expulser l'acide borique, l'alumine cristallisera à l'état de pureté au milieu de la matière ; — si le borate métallique est fixe et si l'alumine a pour la base une affinité suffisante, il se formera des aluminates cristallisés, comme cela a lieu avec la magnésie, le cobalt, le zinc, la glucine, reproduisant ainsi un grand nombre de minéraux naturels. En recourant aux phosphates alcalins comme dissolvants, Ebelmen produit de magnifiques cristaux d'acide titanique ressemblant au titane aciculaire renfermé dans les cristaux de quartz. Il fait aussi cristalliser par le même procédé l'acide niobique et l'acide tantalique ; mais il effleure à peine l'étude de ces corps qui, dans sa pensée, doivent donner à de hautes températures des combinaisons douées d'une grande stabilité. Ebelmen présente encore le 12 mai i85i, à l'Académie, une nouvelle série de recherches sur le même sujet. Cette fois ce n'est plus de fondants acides qu'il se sert, il emploie les fondants alcalins, les carbonates de potasse et de soude. Comme l'acide borique, ces corps présentent la triple propriété d'être liquides à des températures qu'on obtient aisément dans nos fourneaux, de dissoudre un grand nombre d'oxydes métalliques , et enfin de se volatiliser en entier dans des vases ouverts à des températures un peu supérieures à celle de leur fusion. On varie les résultats en se servant de silicates chargés d'un grand excès d'alcali. C'est ainsi qu'Ebelmen obtient en cristaux le péridot magnésien qu'il avait déjà recueilli autrement, le Utanate de chaux, le titane rutile en prismes d'un beau rouge et sous la même forme que le rutile de la nature, puis la glucine en cristaux, dont il démontre l'isomorphisme avec l'alumine, et qui ont toute la dureté du corindon. Dans une continuation des mêmes recherches, Ebelmen a recours à des réactions nouvelles. Une de ses dernières communications à l'Académie (17 novembre i85i) fait connaître

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