Annales des Mines (1914, série 11, volume 6) [Image 48]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

88

INTERPRÉTATION MÉCANIQUE

INTERPRÉTATION MÉCANIQUE DE LA

LOI DE GRAVITATION Par M. SÉLIGMANN-LUI, Ingénieur en Chef des Mines.

I. — REPRÉSENTATION DE L'ÉNERGIE DE GRAVITÉ PAR UNE INTEGRALE.

1° Problème de la gravitation. — La simplicité, l'universalité de la loi de Newton semblent la classer, à côté des principes de la mécanique, parmi ces lois primordiales qui ne peuvent être ramenées à aucune loi plus générale. Et cependant cette simplicité même doit éveiller le doute, car nous n'avons aucun motif de croire à la simplicité mathématique des lois naturelles. S 'il existe une relation entre deux grandeurs physiques, on doit supposer que l'une d'elles s'exprimera par une fonction quelconque de l'autre, sous une forme compliquée ; cette fonction se simplifiera si on ne considère que de faibles écarts de la variable, entre lesquels on pourra remplacer la fonction par les premiers termes de son développement en. série. jQuand l'expérience découvre une relation simple entre deux quantités, on peut présumer que cette simplicité résulte de la faible amplitude des phénomènes mesurés. Si des corps exercent à distance des attractions réciproques, comment concevoir que ces attractions décroissent suivant la loi géométrique du carré des distances ? N'est-on pas fondé à soupçonner que ces attractions ne

DE LA LOI DE GRAVITATION

89

sont qu'une conséquence de la déformation du milieu interposé entre, les deux corps et que la simplicité de la loi de décroissance résulte de la petitesse des déformations ? Un autre motif de soupçon est la présence du coefficient de masse, en facteur dans la formule de l'attraction. La masse est le coefficient spécifique de chaque corps, dans la relation entre la force appliquée au corps.et l'accélération correspondante. Or ce coefficient de masse se retrouve dans un phénomène tout différent, l'attraction exercée, par un corps sur tous les autres. A moins de supposer que la nature s'est plu à faire l'économie d'un coefficient, il faut bien admettre que la présence du même coefficient dans les deux formules établit un lien entre les deux phénomènes. Si les formules générales de la mécanique sont considérées comme primordiales, il est difficile de croire que la loi de Newton le soit aussi. Il est vrai qu'une explication s'offre immédiatement à l'esprit ; les corps seraient constitués par des éléments semblables, et la masse mesurerait le nombre des particules constituant un corps ; chaque particule ayant des propriétés identiques, le nombre des particules pourrait entrer en facteur dans la formule de deux phénomènes entièrement distincts. Mais si les divers corps ne diffèrent que par le nombre de leurs particules, comment expliquer que toutes les grandeurs physiques ne soient, pas pro-' portionnelles aux masses? On devrait avoir égalité des chaleurs spécifiques, des chaleurs de changement d'état et de combinaison. Comment concilier cette explication avec la diversité des propriétés chimiques des corps? Le coefficient de masse, commun aux phénomènes d'accélé-' ration, et d'attraction, ne se retrouve dans aucun autre. Comment admettre que les particules élémentaires des corps, différentes pour tout le reste, soient identiques à l'égard de ces deux seuls phénomènes? On est ramené invinciblement à Conclure que le phéno-