Annales des Mines (1914, série 11, volume 6) [Image 46]

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le revendent en Europe après avoir opéré un classement qui a pour but d'éviter à Ceylan une concurrence désastreuse. C'est ainsi que les graphites malgaches de la catégorie, c'est-à-dire titrant 90 p. 100 et plus de carbone, seraient livrés sous le nom de graphite de Ceylan, alors que l'on réserverait l'étiquette malgache aux produits pauvres, très micacés et d'une préparation défectueuse. A l'appui de leur dire, les exploitants miniers citent des exemples, notamment ceux-ci : Deux grandes maisons utilisant le graphite, l'une à Jersey City (États-Unis) et l'autre à Frankfurt-sur-Mein (Allemagne du Sud) auraient acheté du graphite provenant du centre de Madagascar, persuadées qu'elles se trouvaient réellement en présence d'un produit de Ceylan, et ces mêmes maisons auraient écrit qu'elles ne pouvaient se servir du graphite de Madagascar parce qu'il était trop pauvre en carbone et trop sale. Un exploitant de graphite aurait fait imprimer avec sa marque, et indication de la provenance, les sacs d'un lot de quelques tonnes vendues à une maison de Madagascar pour être expédiées à Londres via Marseille; cette précaution avait été prise pour faire connaître sur les marchés ses graphites qui titrent de 90 à 97 p. 100 de carbone. Or, la maison qui achetait et avec laquelle cet exploitant a un contrat pour une certaine quantité de tonnes, a fait des difficultés à cause des marques et l'a prié de les remplacer par celles de son consignataire à Londres, c'est-à-dire celles en usage pour les graphites de Ceylan. Les industriels français doivent donc se montrer particulièrement circonspects et auraient intérêt à exiger des certificats d'origine en s'entourant de toutes les garanties possibles pour être assurés que le certificat se rapporte bien à la marchandise livrée. Concessions accordées. — Il existe actuellement 16 concessions de graphite; d'autres sont à l'instruction. Les redevances superficielles étant très élevées (décret du 20 juillet 1897), les prospecteurs attendent, pour passer à la concession, que la nouvelle réglementation soit approuvée par le ministère des colonies. Plus de 100 concessions seront demandées aussitôt que les taxes superficielles seront diminuées. Usines destinées au traitement du graphite. — Usines Saberbie. — Mme veuve Suberbie a fait installer trois usines de traitement des graphites : l'une à ïsarazafy, sur les lieux de produc-

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tion ; l'autre à Tendro, où elle utilise une ancienne rizerie, et enfin une troisième à Tananarive-Andohatapenaka. Ces trois usines sont situées sur les bords de l'Ikopa. Celle de Tendro est actionnée par l'énergie électrique tirée des chutes de l'Ikopa à Farahantsana, à environ 30 kilomètres en aval de Tananarive ; celle de Tsarazafy utilise la force motrice d'un moteur à pétrole. Celle de Tananarive n'est encore pourvue que d'un mécanisme rudimentaire ne nécessitant pas l'emploi d'une force motrice mécanique. Usines du Syndicat lyonnais. — Cette société a déjà installé à Tananarive même, une usine mue par l'électricité. Cette usine comprend, à la fois, une laverie, un tablier de séchage et des magasins importants. Une autre usine a été récemment créée à Vatovè, province de l'Itasy, non loin du lac Itasy. Usine de la Société franco-belge. — Cette société a installé une usine à Anosibé, dans le district d'Andramasina. Elle est construite d'après les plans des usines à graphites de Bohême. Usine du Syndicat d'exploitation des graphites de Madagascar. — Près de Miarinarivo le syndicat d'exploitation des graphites installe en ce moment une usine qui sera bientôt en pleine exploitation. Usine de la Compagnie « Graphites-Mascar ». — Cette compagnie est une filiale de la maison « Morgan Crucible », de Londres. Elle a établi une grande usine de finissage à Tananarive, dans laquelle elle traite des minerais déjà dégrossis. Usines de Vatomandry. — Enfin MM. Brée, Nevière, liodet et Lemaître ont installé dans la région de Vatomandry deux usines importantes qui sont en voie de perfectionnement, mais donnent déjà plus de 100 tonnes de graphite marchand par mois. On n'a cité que les usines les plus importantes; une grande quantité d'ateliers de lavage et séchage existent sur de nombreux points. Il est impossible de les énumérer ici à raison de leur grand nombre. Avenir de cette industrie. — On peut avoir, aujourd'hui, la certitude que l'industrie extractive des graphites prendra une grande place à Madagascar à bref délai, c'est-à-dire d'ici à trois ans. La construction du chemin de fer d'Antsirabé à travers des régions où ces gîtes sont particulièrement abondants ne pourra que la favoriser. On peut prévoir que le chiffre de 20.000 tonnes d'exportation par an sera atteint dès l'année 1916.