Annales des Mines (1914, série 11, volume 5) [Image 175]

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l'azote [azote brut), et qui, d'après nos prévisions, devait contenir, outre l'argon, qu'y avait signalé M. Schlœsing, les quatre autres gaz rares : hélium, néon, krypton, xénon. Nous croyons utile, avant d'entrer dans le détail de nos expériences, de rappeler d'abord quelques points essentiels concernant les gaz rares, et de présenter ensuite un résumé de nos travaux sur les gaz des sources thermales (*). Notre introduction aura, de ce fait, une certaine étendue, qui pourra a priori sembler exagérée. Nous estimons cependant que cette condition est indispensable pour qu'on puisse comprendre aisément le reste du mémoire, et, en particulier, les considérations qui seront développées dans le chapitre m. Ce sont d'ailleurs nos recherches sur les gaz rares des sources qui nous ont révélé toute l'importance que présente l'étude de la dissémination de ces éléments dans la Nature, et il y a là un vaste problème, qui domine aussi bien la question des gaz de sources que celle des grisous. Au surplus, il résulte de nos recherches que Yazote brut (azote -+- gaz rares) des grisous possède une composition analogue à celle de l'azote brut des sources thermales (**). Nos procédés expérimentaux et nos réflexions à propos des gaz rares de sources s'appliqueront donc aussi aux gaz rares des grisous. De la sorte, les chapitres suivants, outre ce qu'ils y gagneront en clarté et en simplicité, s'en trouveront allégés notablement, et le parallèle que nous établirons entre les gaz de sources et les grisous pourra se présenter avec le relief désirable et avec tout son intérêt. En dehors des gaz des sources thermales et des grisous, (*) Ces travaux ont fait l'objet d'un mémoire d'ensemble publié dans le Journal de Chimie-Physique, t. XI, n° 1, p. 63-154 (1913). (**) Les résultats de nos déterminations ont été déjà communiqués à l'Académie des Sciences (30 octobre 1911, 20 novembre 1911, 2 mars 1911. 23 mars 1914).

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divers autres mélanges naturels (gaz de pétrole, etc.) ont été aussi étudiés. Nous aurons soin, à l'occasion, de rappeler ces travaux, de faire les rapprochements utiles, et d'en déduire les conséquences qu'ils comportent.

I. - GÉNÉRALITÉS SUR LES GAZ RARES.

L'argon fut découvert à Londres, dans l'air atmosphérique, en 1894, par Lord Rayleigh et Sir William Ramsay (*). Cette date est une des plus importantes de l'Histoire des Sciences. L'argon, en effet, se montrait rebelle à toute combinaison, et c'était là une absolue nouveauté. Dès l'année suivante, l'hélium, qu'on savait, depuis l'éclipsé de soleil du 18 août 1868 (Frankland et Lockyer, Janssen), exister dans le Soleil, fut extrait par Ramsay d'un minéral uranifère, la clévéite. Peu après, sa présence était reconnue dans l'air par H. Kayser, de Bonn, ainsi que dans diverses étoiles. Nous verrons plus loin qu'il se produit dans la désintégration des substances radioactives. C'est également de l'air que, dans le laboratoire de Ramsay, le krypton, le néon et le xénon furent retirés successivement, en 1898 (Ramsay et Travers). Les cinq nouveaux gaz sont des corps simples, des éléments. L'étude de leurs propriétés a montré qu'ils constituent une famille naturelle. Entre autres caractères communs, mentionnons les suivants, particulièrement remarquables : 1° Ils se sont montrés jusqu'ici absolument inertes au point de vue chimique : on n'a encore pu combiner aucun (*) Congrès de la British Association (Oxford, août 1894).