Annales des Mines (1914, série 11, volume 5) [Image 152]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

294

LES EXPÉRIENCES DE COMMENTRY

zone avait été intentionnellement disposée dans une région tortueuse dont l'effet amortisseur sur les chasses d'air fut très remarquable. Programme de l'essai 16. — On s'est demandé si cet amortissement n'aurait pas suffi, à lui seul, à limiter la propagation de la flamme, alors même que l'on n'aurait -pas accru la teneur*en cendres, mais répandu le long de la région tortueuse le même gisement de poussières à 40p. 100 de cendres que sur le reste de la galerie; aussi bien, ce mélange, assez cendreux, et sans grande finesse, n'est pas parmi les plus inflammables; une explosion initiale moins forte que celle que l'on a adoptée comme type, créant des chasses d'air initiales moins rapides, une agitation moins vive, serait incapable d'y déclencher un coup de poussières généralisé ; de même une action modératrice aussi puissante que paraît l'être celle des coudes, de la galerie de Commentry, amortissant la vitesse des chasses d'air, atténuant les remous et diminuant la vitesse de combustion, ne pourrait-elle pas ralentir la flamme jusqu'à déterminer l'arrêt de la propagation? C'est ce que l'on a voulu tenter par l'essai 16. D'autre part, ne poussant pas plus loin la vérification de l'efficacité des arrêts-barrages de cendres, en raison du nombre limité des essais, nous avons décidé de mettre cette fois à l'épreuve une nouvelle disposition d'arrêtbarrage d'eau, déjà expérimentée avec succès dans la galerie de Liévin. Le but visé par cette nouvelle disposition est triple : permettre l'accumulation d'une plus grande quantité d'eau, tout en cherchant à simplifier les conditions pratiques d'installation ; assurer le fonctionnement intégral de l'arrêt-barrage, même sous l'effet de chasses d'air peu violentes; faire en sorte qu'une flamme à progression retardée, qui n'atteindrait l'arrêt-barrage que quelques secondes après que celui-ci a été mis en fonc-

SUR LES INFLAMMATIONS DE POUSSIÈRES

295

tionnement par les premières chasses d'air, trouve encore sur son passage le rideau d'eau qui doit l'éteindre. Ces améliorations ont été reconnues nécessaires à la suite des considérations suivantes. Les expériences sur les arrêts-barrages décrites dans la Quatrième série d'essais avaient été effectuées en galerie à parois lisses. Des essais ultérieurs ont permis d'apprécier combien les irrégularités des parois activent la propagation ; on a donc récemment repris l'étude des arrêtsbarrages en galerie cadrée; les quantités de matériaux extincteurs recommandées par la circulaire ministérielle se sont montrées efficaces dans la presque totalité des cas réalisables dans la galerie de Liévin ; mais la marge de sécurité, que l'on avait prévue assez large en indiquant ces quantités, s'est trouvée fortement réduite; il convient donc d'accroître notablement l'accumulation des matériaux extincteurs. D'autre part, la catastrophe de la Clarence est venue apporter l'exemple d'une explosion s'étendant, dans les quelques galeries qui ont pu être visitées, avec des caractères assez différents de ceux de la plupart des coups de poussières précédemment observés ; les grandes artères de roulage, qui sont habituellement très éprouvées, n'ont pas beaucoup souffert; quoique la flamme ait atteint les puits, la violence de l'explosion ne s'est pas accrue à l'approche de ces orifices de détente, comme cela a lieu presque toujours ; au contraire, la flamme fut assez lente au voisinage des puits, les chasses d'air furent assez modérées, pour que des ouvriers y aient survécu, même tel ouvrier engagé dans une galerie que l'on a pu supposer avoir servi de passage à l'explosion pour gagner une autre partie de la mine ; enfin, contrairement à une règle assez générale, les voies de retour d'air, où l'on ne pratique pas le roulage de charbon, où les poussières ne devaient pas être très charbonneuses, où la section était