Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 67]

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STATISTIQUE DES ACCIDENTS DE GRISOU

consiste dans l' inflammation d'un petit dépôt de grisou par les crachements d'une mèche ; l'obligation du tir électrique dans les mines à grisou, qui figure dans le règlement du 13 août 1911, supprimera cette cause d'accidents. Les inflammations de grisou survenues à Gagnières (n° 22) paraissent plus inquiétantes, mais il est permis de penser qu'avec des explosifs correctement fabriqués et utilisés dans les conditions qui sont actuellement réglementaires ces inflammations n'auraient pas eu lieu. L'accident qui, de beaucoup, a été le plus grave est celui qui a été causé par le feu du puits des Flaches des houillères de Saint-Etienne (n° 16). On ne peut, d'ailleurs, affirmer que ce fut un véritable accident de grisou, et il n'y a, semble- t-il, aucun enseignement à en tirer au point de vue de la lutte contre le grisou. Il sera toujours extrêmement dangereux, quoi que l'on fasse, de lutter contre un feu dans un gisement très grisouteux. Les dégagements instantanés de grisou ont été nombreux dans le Gard, aux mines de Gagnières et de Bessèges, et 6 d'entre eux ont tué 15 ouvriers par asphyxie, mais aucun de ces dégagements n'a été accompagné d'une inflammation de grisou. Parmi ces accidents, il en est un (n° 26, Bessèges) qui aurait sans doute été évité si la victime avait fui au premier avertissement de son camarade ; trois accidents (n° 23, Gagnières; n° 27, Molières, et n° 28, Bessèges) sont survenus dans des chantiers où l'on n'appliquait pas le règlement du Gard sur les mines à 'dégagements instantanés ; il reste deux accidents (n os 24 et 25, Gagnières) qui sont survenus, semble-t-il, malgré l'observation de ce règlement. S'il est légitime, en présence de ces deux accidents, de concevoir quelque inquiétude au sujet de l'efficacité de la méthode du Gard, on ne doit pas oublier que cette méthode a évité un grand nombre d'accidents, et, au surplus, on ne voit pas

POUR LES ANNÉES

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clairement comment l'on pourrait faire mieux, en raison de la soudaineté habituelle des dégagements instantanés qui se produisent dans le bassin d'Alais. Il y a peu de chose à dire des deux accidents par asphyxie dans des accumulations de grisou, survenus l'un et l'autre dans des travaux en cloche insuffisamment aérés, dans lesquels les victimes ont pénétré imprudemment. Il est bon, cependant, de retenir que, parmi les trois asphyxiés de l'accident n° 6 (Crespin), deux ouvriers ont pu être ranimés après un séjour d'une heure et demie dans l'atmosphère grisouteuse. Nous terminerons ces observations en faisant remarquer, bien que ce soit évident, mais parce qu'on ne le dira jamais assez, que la plupart des accidents, montrent la nécessité, même dans les mines qui paraissent exemptes de grisou, d'aérer largement tous les chantiers, d'y conduire soigneusement le courant d'air spécialement dans les points en cloche, et, en ce qui concerne les mines à grisou, de ne pas disposer les chantiers ou galeries en cloche et de les visiter avant la reprise du travail. II- —

EXPLOSIONS ET FLAMBÉES DE POUSSIÈRES.

Accident du 10 mars 1906 aux mines de Courrières (Pas-de-Calais). — Fosses n° 3, n°.4 et n° 2, 1.099 tués et 56 blessés. Il est difficile, sans sortir du cadre de la présente étude, de résumer les circonstances de la catastrophe de Courrières qui a dépassé les plus grandes catastrophes minières connues tant par le nombre des victimes que par l'étendue des travaux ravagés. On trouvera sur ce sujet tous les renseignements utiles dans le compte rendu qui a été inséré aux Annales des mines (10 e série, t. XII).