Annales des Mines (1913, série 11, volume 3) [Image 5]

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ÉTUDE DES DÉPOTS DE POUDRE NOIRE

COMPTE RENDU DES ESSAIS DE DROITAUMONT

ministre des Travaux publics avait invité la Commission du grisou à préparer un projet de règlement sur les dépôts d'explosifs autres que les dynamites. Cette étude a déjà fait l'objet de deux rapports présentés à ladite Commission par MM. Weiss et Dautriche. Ces rapports visaient les dépôts d'explosifs chlorates, d'explosifs nitrates et de poudres noires.

moyens d'après le rapport n° 169 du 12 octobre 1905 de la Commission des substances explosives, ainsi que les zones de protection prévues par la table anglaise des distances, dans le cas des dépôts sans merlon, pour les propriétés des catégories V et VI (maisons d'habitation avec ou sans consentement écrit).

Pour les poudrières enterrées, le dernier rapport prévoyait des épaisseurs de terre calculées comme pour les dynamitières, mais en ne comptant la poudre noire que pour la moitié de son poids de dynamite. Pour les poudrières superficielles, on prescrivait des distances aux habitations, ateliers, routes et chemins fréquentés, données par l'une des deux formules d—2\Jc ou d = 4 sjc, c étant la contenance du dépôt, suivant que le dépôt est ou n'est pas entouré de merlon. Ces distances sont données parle tableau suivant où l'on rappelle également les zones des effets destructeurs intenses et dre noire mesurait 8 m ,50 x I2 m ,70 de surface et 6 mètres de hauteur sous fermes. Sa capacité était de 804 mètres cubes. Les murs en maçonnerie avaient 0,50 d'épaisseur; la toiture était en tuiles plates sans voligeage avec charpente métallique. Le local contenait 4.040 kilogrammes de poudre de mine MC, comprimée et enveloppée de papier, presque identique à la poudre de mine forte anguleuse qui l'a remplacée depuis 1911. La densité de chargement était donc de 5 millièmes correspondant à une pression théorique d'environ 15 kilogrammes par centimètre carré en vase clos. La plus grande partie du magasin s'est effondrée sur place. Des tuiles et de la terre ondulée jonchaient le sol sur un rayon de 40 mètres. Quelques-unes sont tombées à 140 mètres sur des maisons, et quelques tôles ont été retrouvées dans les champs à des distances considérables. L'onde aérienne a produit des dégâts notables à 40 mètres (bureaux : dégâts de toiture, porte fermée arrachée). Des carreaux ont été cassés jusque vers 140 mètres dans des maisons situées un peu en contre-bas. Il n'y a pas eu de dégâts aux villages de Tucquegnieux et Bettainvillers (1.250 mètres) ; à Briey (8 kilomètres) l'explosion s'est manifestée par un ébranlement des portes fermées. L'application des formules 2 \jc et 4 y'e conduirait à des distances de protection d'environ 125 et 250 mètres.

FORMULE DE LA COMMISSION

PROJET

TABLE

des substances explosives

de réglementation

des distances anglaises

CONTENANCE

réelle

Effets moyens

Effets intenses

du dépôt

d kilogrammes 100 250 500 1.000 2.500 5.000 10.000

7

= b sfi mètres 36 56 79 112 177 250 353

d

Dépôts sans merlon

Dépôts catégorie catégorie avec merlon V VI d = 4 V"c d = 2 Vc

mètres 71 112 158 224 354 500 707

mètres 40 63 89 126 200 283 400

mètres 20 32 45 63 100 142 200

mètres

mètres

49 71 92 123 168 243

95 135 190 313 511 842

.

Le Comité des Forges et Mines de fer de Meurthe-etMoselle, se basant tant sur les faibles dégâts constatés à Tucquegnieux que sur quelques essais effectués dans le bassin de l'Est, estimait que les zones de protection projetées étaient excessives et insistait vivement pour l'adoption de règles moins rigoureuses. En présence de ces divergences de vues, une sous-Commission composée de représentants de la Commission du grisou et du Comité des Forges arrêta le programme des expériences qui pouvaient être exécutées en vue de préciser l'importance des effets destructeurs à craindre dans l'explosion d'un dépôt de poudre noire comprimée. Les essais devaient avoir un triple but : 1° Rechercher s'il n'est pas possible d'organiser de-s dépôts enterrés avec couloir d'accès suffisant pour donner issue aux gaz dégagés en cas d'explosion sans avoir à craindre d'effets superficiels ;