Annales des Mines (1912, série 11, volume 1) [Image 158]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

312

EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

rêta définitivement vers 150 mètres de l'origine. Au cours d'un autre groupe d'essais, nous avons cherché à nous rendre compte de la grandeur des orifices de détente capables d'amortir ainsi une explosion ; le fond étant aussi étanche que possible, nous avons volontairement laissé ouvertes, dans un cas une, dans l'autre deux des premières fenêtres à partir du fond, ouvrant ainsi des orifices de détente de 270 et de 510 centimètres carrés. Dans le premier cas (essai 459), l'explosion eut à peu près la même allure qu'en l'absence de tout orifice de détente ; les 150 premiers mètres furent parcourus en 2,29 secondes; la pression vers ce point était déjà de 3 k «,250. Dans le second cas l'explosion fut complètement amortie ; la flamme mit 3 secondes à parcourir les 100 premiers mètres et n'atteignit pas le point 150. Cependant le gisement était très favorable ; il comprenait, à la dose de 450 grammes par mètre cube, 30 mètres de poussières pulvérisées 1 heure, et, au delà, des poussières pulvérisées 30 minutes. Il est intéressant de rapprocher ces constatations de l'observation parfois faite dans l'étude d'une catastrophe, que l'explosion paraît s'amortir dans les galeries environnées de vieux travaux, même là ou l'on pourrait supposer que du grisou accumulé dans les remblais accroîtrait la violence de l'explosion ; mais l'atmosphère des remblais, appauvrie en oxygène, surchargée d'acide carbonique, trop encombrée de matériaux pour permettre un soulèvement de poussières, dans le cas où il y en aurait, se prête mal à la propagation d'une explosion. Par contre, les vides des remblais doivent jouer souvent, en arrière de la flamme, le rôle des orifices de détente des essais que nous venons de citer. Examen des courbes de vitesse de flamme. — Influence des obstructions vers l'orifice de la galerie. — Nous avons in-

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

313

diqué les grandes lignes du phénomène complexe que constitue le développement d'un coup de poussières ; il convient maintenant d'examiner les choses d'un peu plus près, ne fût-ce que pour entrevoir le degré de complexité de ce phénomène et se rendre compte de la nécessité d'en faire une étude plus approfondie. Si l'on examine les diagrammes par lesquels nous avons donné une idée delamarchede laflamme et de sa vitesse croissante, on remarquera que les courbes, encore qu'elles ne soient marquées que par un petit nombre de points, paraissent présenter un jarret pour la région située à une cinquantaine de mètres de l'origine et atteinte en un peu plus de 1 seconde. L'examen de ces courbes nous a suggéré l'hypothèse que les premières ondes comprimées, accompagnant et suivant l'onde de la dynamite, pouvaient, en arrivant à l'orifice libre de la galerie et s'épanouissant dans l'atmosphère, donner lieu à un retour d'ondes dilatées aspirant vers l'orifice l'atmosphère de la galerie et entraînant plus rapidement la flamme au moment où elles la rencontraient. Or, en établissant sur le diagramme le tracé de ces ondes d'aller et retour, et se basant, pour une première approximation, sur la vitesse du son, on coupait précisément la courbe de parcours de flamme vers la région du jarret. Si cette hypothèse était exacte, une obstruction de l'orifice devait avoir pour effet de renvoyer vers l'origine des ondes comprimées ralentissant au contraire l'allure de la flamme ou tout au moins diminuant l'accélération que l'on constatait en galerie libre. Mais d'autre part, la présence d'une obstruction risquait de faire sérieusement monter la pression. Aussi avons-nous attendu pour faire ces essais comparatifs, que le fond mobile fût solidement appuyé sur la butée reconstruite. Ce furent les essais 282, 283, 284 et 285, exécutés tous quatre avec un gisement de charbon de Liévin pulvérisé 15 minutes et répandu sur toute la longueur, sauf les 5 premiers