Annales des Mines (1912, série 11, volume 1) [Image 42]

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ÉTUDE SUR LES GISEMENTS DE FER DE L'ALGÉRIÉ

ÉTUDE SUR LES GISEMENTS DE FER DE L'ALGÉRIE

relativement peu étendus ; certains de ces témoins des couches tertiaires ne sont pas très éloignés 'des amas d'hématite enclavés dans les calcaires liasiques ; mais je " n'ai pu me rendre compte s'il y existait des minerais à l'état remanié. En tout cas, de véritables filons d'hématite renfermant de la chalcopyrite et du cuivre gris traversent le sénonien, au voisinage immédiat des gîtes encaissés dans le lias. De plus, les fractures du djebel Anini affectent le cénomanien et sans doute le turonien. Tous les gisements de fer de cette région seraient donc post-crétacés. L'étude de ceux des grès éocenes permettrait sans doute de déterminer une autre limite de leur âge; malheureusement aucun travail n'a depuis longtemps été effectué sur ces derniers gisements dont l'étude est actuellement à peu près impossible. D'après MM. J. Curie et G.-B.-M. Flamand, les microgranites du massif de Collo seraient de la fin de l'éocène supérieur et les rhyolites post-éocènes ; mais on ne peut fixer l'âge de la péridotite encaissant les gîtes de pyrite ; on sait seulement qu'elle est plus ancienne que les autres roches dont il vient d'être parlé. U n'est sans doute pas illogique de supposer que sa mise en place remonte à l'éocène moyen ou au début du ligurien. Los lentilles de pyrite et d'hématite du Filfila ou sont postérieures à l'éocène ou datent de la fin de cette ' période. Les gneiss et les schistes cristallins de l'Edough sont classés dans l'archéen par la carte géologique au 1/800.000; mais il n'est pas impossible qu'ils ne soient un jour rajeunis ; Parran les tenait pour des sédiments tertiaires métamorphisés. Des discordances locales existent entre eux et les marnes du ligurien supérieur que M. Seligmann-Lui a signalées ; si l'opinion de Parran était conforme à la réalité, on se trouverait peut-être en présence de la partie tout à fait inférieure du groupe ligurien. Les doutes qui subsistent sur l'âge des gneiss et des mica-

schistes portent aussi sur celui des gisements de fer. Il n'est peut-être pas inutile de remarquer qu'il existe dans l'Edough des pointements de roches micrograniiiques qui sont de la fin de l'éocène si elles ne sont pas post-éocènes et que de très nombreux filons sulfurés (pyrite, chalcopyrite, galène et blende) traversent indifféremment les gneiss et les micaschistes, les argiles liguriennes et même les roches éruptives. Enfin, on manque de documents précis en ce qui concerne les amas de l'Ouenza et ceux du Bou Kadra ; les uns et les autres sont encaissés dans des calcaires massifs de l'aptien ; aux environs des premiers, des conglomérats renferment des cailloux roulés d'hématite, mais ils paraissent quaternaires (*). Il me semble que des données ci-dessus on est en droit de conclure que, si on exclut les deux derniers groupes de gisements et ceux de la bande littorale comprise entre Cherchell et Ténès et sous réserve des doutes émis plus haut au sujet de ceux de l'Edough, la formation des gîtes de fer algériens dont l'origine est filonienne et aussi celle des amas qui résultent de la transformation métasomatique des calcaires est antérieure à l'oligocène et, fort probablement, postérieure à l'éocène moyen. Les venues métallifères seraient alors sans doute liées à la mise en place des plus anciennes des roches éruptives tertiaires (granités, microgranites et rhyolites). Quant aux gîtes de la région côtière du département d'Alger, ils sont post-cartenniens et l'incrustation des nombreux filonnots de cette zone doit pouvoir être rattachée à la consolidation des roches également post-cartenniennes qui forment plusieurs massifs plus ou moins importants le long de la mer.

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(*) Il existe cependant, dans la région, un lambeau de couches détritiques oligocènes ou miocènes ; mais je connais trop imparfaitement sa constitution pour en laire état.