Annales des Mines (1911, série 10, volume 20) [Image 235]

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NOTICE

HISTORIQUE

économiques étaient peu favorables pour l'émission d'actions d'une mine de plomb. La valeur de ce métal, qui avait atteint 64 francs les 100 kilogrammes en 1826, était en pleine baisse ; elle allait tomber à 38 francs l'année suivante. L'impression, dans le cas spécial du gîte de Pontpéan, était d'autant plus défavorable que ce gîte était considéré comme ne pouvant produire que des galènes massives, pauvres en argent ; les zones argentifères qui ont été exploitées par la suite dans la région Nord du filon étaient inconnues à cette époque. Les difficultés éprouvées par les nouveaux concessionnaires de Pontpéan pour trouver des actionnaires s'expliquaient donc assez facilement. L'Administration ne tarda pas cependant à rappeler à m M " de Bréhan et à son fils les obligations qu'ils avaient prises ; le 31 janvier 1831 , elle les mit en demeure de commencer leurs travaux dans un délai de six mois. Ce délai parut insuffisant aux concessionnaires, qui en demandèrent la prolongation jusqu'au 20 janvier 1832. Avant qu'aucune décision ne fût intervenue, le 15 octobre 1831, M rae de Bréhan et son fils cédèrent tous leurs droits, moyennant 2.000 francs, à M. Mathieu, ancien ingénieur en chef des Mines. Le motif et la portée véritable de cette cession sont difficiles à apprécier aujourd'hui. Faite par M mc de Bréhan après l'expiration du délai fixé par la convention des l er -5 novembre 1827, la cession était en principe entachée de nullité; elle semble cependant avoir été approuvée implicitement par M. Couannier, qui accepta d'entrer pour une part dans la société à organiser par M. Mathieu . Les démarches de celui-ci furent contrariées parles agitations politiques qui se produisirent en 1832. C'est du moins l'explication qu'il donna du retard apporté à la constitution de la société projetée lorsque l'Administration le pressa, en 1833, de fournir des explications à ce sujet. Sa confiance primitive dans le succès future de l'affaire

SUR L'EXPLOITATION DES

MINES

DE PONTPÉAN

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avait d'ailleurs été ébranlée par les difficultés qu'il avait rencontrées, car il ajoutait, dans sa réponse, qu'on pouvait lui retirer la concession si l'on trouvait une société pour la reprendre. Un délai de six mois lui fut accordé à partir du 1" novembre 1833; il se trouva encore insuffisant et fut prolongé sur une nouvelle demande de sa part. En juillet 1835, l'Administration lui rappela encore une fois ses obligations comme concessionnaire. Il semble que M. Mathieu n'ait fait aucune réponse à cette dernière mise en demeure ; il mourut d'ailleurs l'année suivante, ne laissant que des héritiers éloignés, qui déclarèrent se désintéresser complètement de la concession de Pontpéan. Pendant ce temps M. Couannier faisait de nouvelles démarches qui allaient compliquer encore la situation. En 1831, il avait demandé à l'État sans succès d'ailleurs, de lui avancer une somme de 250.000 à 300.000 francs pour lui permettre de reprendre l'exploitation de la mine de Pontpéan ; il adressa des demandes analogues au Conseil général d'Ille-et-Vilaine, en 1832 et en 1836, avec tout aussi peu de succès d'ailleurs. Au milieu de 1834, il s'avisa tout à coup de faire valoir les droits que lui donnait l'acte des l er-5 novembre 1827 et d'offrir à l'Administration d'user de ces droits pour constituer une nouvelle société. L'Administration ne tint tout d'abord aucun compte des communications de M. Couannier et persista à s'adresser à M. Mathieu. N'ayant pu obtenir ni de celui-ci ni de ses ayants droit aucune réponse à partir de 1835, elle se décida à considérer M. Couannier comme le véritable titulaire de la concession et à lui accorder, le 28 novembre 1836, un délai d'un an pour entreprendre des travaux. Il se produisit, sur ces entrefaites, un incident assez singulier : M me de Bréhan, oubliant les contrats qu'elle avait signés, les l e,'-5 novembre 1827 et le 15 octobre 1831,