Annales des Mines (1911, série 10, volume 20) [Image 184]

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LES CATASTROPHES DD PUITS WEST STANLEY

mentales ont permis de dégager l'influence plus ou moins importante de la plupart de ces facteurs, mais en ont fait connaître de nouveaux. Il résulte de nos recherches de ces trois dernières années que l'allure de l'explosion, à chaque instant, ne dépend pas seulement de la composition de l'atmosphère poussiéreuse et de la forme de la galerie dans la région où la flamme est en train de se propager, mais encore des dispositions des galeries, vides et branchements qu'elle laisse derrière elle ou qui se présentent devant elle. Dans ces conditions, l'explosion étudiée dans la galerie d'essais ne réalise qu'un cas très particulier et ne donne qu'une image infidèle de ce qui se produirait dans la mine avec des galeries qui ne débouchent pas directement dans l'atmosphère, qui changent de direction et de section, qui se ramifient, qui s'entourent de vides de chantiers et vieux travaux. On n'a donc pas la certitude que les conclusions tirées des essais en galerie s'appliquent au cas complexe de la mine. La difficulté pourra sans doute être résolue quand les lois élémentaires de la propagation et les coefficients relatifs aux diverses causes de complexité seront assez bien connus pour permettre le passage des cas particuliers au cas général. Peut-être aussi sera-t-il un jour jugé nécessaire de faire des essais de vérification dans une véritable mine, soit une mine abandonnée, soit une mine ouverte spécialement en vue des essais, selon le plan que les ingénieurs américains manifestent l'intention de suivre. En attendant, lorsque la fatalité veut qu'une mine en exploitation soit dévastée par un coup de poussières, il est du devoir de l'expérimentateur de prendre contact avec la réalité du danger qu'il a entrepris de combattre, et d'apprendre à connaître les effets d'une explosion complexe, afin de juger s'ils sont conformes à ceux qu'il

ET DU PUITS PRETORIA

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observe dans ses essais, ou que la théorie lui permettra de prévoir d'après les cas particuliers qu'il aura réalisés. Au surplus, l'étude des causes initiales ou des circonstances diverses ayant accompagné le développement ou causé l'arrêt de l'explosion, pourra lui apporter des enseignements féconds. C'est pour nous permettre d'accomplir ce devoir que le Comité central des Houillères de France nous a confié la mission de nous rendre, à deux reprises, en Angleterre, pour visiter la mine de West Stanley et le puits Pretoria de la Compagnie Hulton, aussitôt après les explosions qui ont dévasté ces exploitations et y ont fait respectivement 168 et 344 victimes. Nous avons visité les divers quartiers de West Stanley les 25, 26 et 27 février 1909, soit neuf à onze jours après l'accident. Les corps avaient été remontés à la surface et la mine était accessible dans toutes ses parties ; il restait à trouver deux cadavres probablement ensevelis sous des éboulements ; on n'avait encore entrepris de remettre en état aucune partie de la mine, en sorte que les constatations matérielles que nous avons faites se rapportent à l'état des lieux tels qu'ils étaient aussitôt après l'accident. Nous avons visité les diverses parties de l'étage dévasté du puits Pretoria les 28, 29, 30, 31 décembre 1910 et le 1 er janvier 1911, soit de sept à onze jours après l'accident. Pendant cette période, les opérations d'exploration et de reprise de la mine se sont poursuivies sans interruption ; il restait encore un demi-quartier (partie est de North Piodder) à assainir et visiter, quand nous avons dû revenir en France. Nous avons donc assisté aux travaux dits de sauvetage, poursuivis parles équipes munies d appareils respiratoires ; nous avons également vu la mine avant toute modification des lieux apportée par les travaux de déblaiement et remise en état. Dans l'un et l'autre cas, les ingénieurs anglais nous ont