Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 255]

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LES MINERAIS STRATIFORMES

DE LA CHAINE HERCYNIENNE

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les contacts des deux terrains, ainsi que cela arrive si souvent dans ce cas, des imprégnations irrégulièrement interstratifiées de sulfures B. G. P., dont nous pouvons négliger les altérations postérieures. Ces imprégnations rappellent beaucoup, parleurs interstratifications apparentes, certains caractères du Laurium et même de la Silésie. Faut-illes considérer comme contemporaines des couches encaissantes? Nous ne le croyons pas, et il nous semble infiniment plus vraisemblable qu'on a là un cas de manifestation filonienne tertiaire à type relativement profond, contemporain de tous les autres gisements analogues qui font le tour de la Méditerranée, en Sardaigne, en Grèce, en Turquie d'Asie, en Tunisie, en Algérie, etc. Ce qui rend cette hypothèse très vraisemblable, c'est la prolongation de types analogues vers Mazarron et Almeria (*) : par exemple dans la Sierra de Bedar, des couches d'hématite au contact des calcaires et des schistes avec des brèches dolomitiques cimentées par de la galène ; dans la Sierra de Gador, les fameux minerais de plomb du calcaire dolomitique activement exploités au début du xix e siècle ; au Cabo de Gâta, les calamines, galènes, cérusites et minerais de manganèse ; la série des minerais de fer des environs d'Almeria (Sierra Alhamilla, Los Banos, Alfaro, Sierra Filabres, Bacarès), qui semblent bien être des chapeaux de filons du type pyrénéen ou algérien. La Sierra de Carthagène ne serait donc qu'une des nombreuses manifestations de la richesse métallifère complexe associée, tout autour de la Méditerranée, avec les venues éruptives tertiaires, et devrait être laissée de côté dans l'étude de la chaîne hercynienne. Il n'en est pas de même des imprégnations cuprifères

dans les grès permo-triasiques de la Sierra de Cuenca en Nouvelle-Castille (entre Madrid et Valence), étudiées autrefois par Jacquot (*) et comparées par lui à celles de la région de Sarrelouis. Il existe, environ à 35 kilomètres de Cuenca, dans la région d'Hinarejos, un lambeau de grès rouge, probablement permien, qui recouvre en discordance le dévonien et le houiller. A la base de ce grès rouge, un poudingue à gros éléments renferme, paraît-il, des poches de sidérose; un peu plus haut, les grès d'Hinarejos et de Boniches présentent un petit horizon cuprifère sous forme de cuivre gris en rognons (ou de carbonate) : le cuivre étant directement relié, par un phénomène que nous retrouverons souvent au cours do cette étude, avec une veine charbonneuse. Il est à remarquer que, non loin delà, Jacquot signale, au pic de Ranera, une veine de cuivre gris qui coupe transversalement les conglomérats un peu plus anciens de la base du permien. Comme dans le gisement de Molinillo, ce fait, dont nous rencontrerons encore plus d'un exemple, est susceptible de deux interprétations contraires. Les grès métallifères, supposés permieus, sont recouverts par d'autres grès, puis par des calcaires dolomitiques avec quelques lentilles calaminaires et par des marnes irisées avec gypse et sel. Le même faciès que nous venons de signaler au Molinillo près de Grenade et dans la Serrania de Cuenca, semble se retrouver dans l'île de Minorque, d'après les coupes inédites et les échantillons qui m'ont été communiqués autrefois par M. Pitzbuer, établissant l'existence,, dans tout le Sud-Ouest de l'Europe, d'un type métallifère analogue à celui qui prend plus de valeur industrielle dans le permien d'Allemagne et de Russie (**).

Annuario de la Mineria, 1896 (résumé dansZ. /•

(*) 1886, JACQUOT, Esquisse géologique de la Serrania de Cuenca [Annales des Mines, 6" série, t. ix, p. 407 et Pl. IX). (**) Voir carte de Minorque, pl. IX, fig. 2.

(*) JUANPIÉ Y ALLUE,

pr. G. 1897, p. 27).